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Feu Babacar Touré, un des vaillants et brillants jaambars de la presse, de par son statut de journaliste, co-fondateur du Groupe Sud Communication, et par sa fonction de Président du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), fut :
• un défenseur de l’impartialité dans le traitement de l’information à adopter par le journaliste et le technicien des médias ;
• un combattant de la protection des mineurs contre les contenus audiovisuels véhiculant la violence verbale ou physique, les actes de cruauté ou d’obscénité, la manipulation publicitaire, etc. ;
• une voix pour la représentation de la diversité culturelle et religieuse dans les médias ;
• une plume défendant le respect du pluralisme politique et des institutions de la République ;
• un promoteur de l’Appel à la mise en œuvre de la Haute Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle (HARCA) ;
• un gardien de la déontologie de l’information et des programmes.
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La valeur, la survie et l’avenir du journalisme, et du journaliste, reposent sur la déontologie.
La déontologie recouvre un ensemble de codes, textes écrits, et de comportements éthiques respectueux à la fois de la personne, de la qualité de l’information et de la liberté professionnelle.
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2020-2025, cinq ans après feu le président Babacar Touré : quelles sont les mesures qui ont été prises pour remédier à l’état obsolète des textes du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) et rendre vivante la régulation des communications, compte tenu de la télé-diffusion numérique, notamment la presse écrite en ligne, les web TV, les métamorphoses de la publicité, etc. ?
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En hommage au journaliste modèle qu’était Babacar Touré, nous répondons à cette question nodale en suivant le format de l’Avis trimestriel du CNRA, que le Président Babacar Touré respectait avec rigueur et vigueur durant les six années de son mandat, et de celui des membres du collège sous sa présidence.
Il s’agit d’un diagnostic à deux points, précédé d’une introduction et suivi d’une conclusion :
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1. Dysfonctionnements et manquements
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2. Recommandations
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I. Dysfonctionnements et manquements
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Les dysfonctionnements et manquements relevés dans les médias, tous supports confondus, concernent les points suivantsÂ
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1. La liberté de la presse asphyxiée par le libertinage du langage écrit et oral, des images visuelles et mentales
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Prenons, à titre d’étude de cas, un site web d’actualités sénégalaises : Sen…ws.
Ce média en ligne pose dans un post la question suivante :
« L’éthique, aujourd’hui : Qu’avons-nous retenu de la leçon inaugurale du Juge Kéba Mbaye ? » Publié le 15/08/2019 à 15h47.
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Durant quatre ans, de 2020 à 2024, le même site, qui posait en 2019 cette interrogation, impose désormais à ses lecteurs un lomotif titré : « Après lomotif, Korité… », avec des images à interface semi-cryptée, indécentes, que tout détenteur de téléphone portable au Sénégal peut recevoir, selon un intervalle saisonnier, en pleine figure s’il clique sur une actualité liée au site.
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Depuis 1995, avec l’avènement d’Internet au Sénégal, jusqu’en 2025, il n’existe aucune mesure effective de régulation des médias en ligne. Le même site nous informe ainsi :
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 « …Après Lomotif Korité, voici la vidéo Instagram de 2mn50 qui ch0que tout le monde ».
NB : ch0que ; le zéro à la place du o relève de la NDLR (Note de la Rédaction) du site.
Ces sites dits d’actualités, qui utilisent à titre d’acronyme l’identité nationale du Sénégal, mettent tout le peuple sénégalais en danger, à l’autel de la haine, de l’atteinte aux mœurs, et du vagabondage des images.
– Et qu’en est-il de la ligne éditoriale de Sen…ws ?
– « Actualité au Sénégal, Politique, Économie, Sport › actualites › video- › page »
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2. L’abonnement aux scandales et aux dérives : quand le CNRA ferme les portes aux dérives, celles–ci passent par la fenêtre d’Internet
Et les mêmes sites dits d’actualités reprennent sans réserve et sans limite ce qui choque :
• Titres mensongers ;
• Images indécentes ;
• Mots débordant d’animosité ;
• Publicités abracadabrantes ;
• Déclarations fondées sur des attaques personnelles ;
• Guerres d’opinions hautement partisanes, foulant aux pieds les devoirs et les droits inscrits dans la charte des journalistes sénégalais.
Étude de cas – Titre mensonger :
Titre : « Bassirou Diomaye Faye nomme son ami, ….Madiambal Diagne »
Contenu : Madiambal Diagne, jubilant à l’annonce de la nomination de son ami, a exprimé sa satisfaction sur X (anciennement Twitter) :
« Félicitations à mon ami Mbaye Sylla Khouma, nommé en Conseil des ministres hier, Président du Conseil d’administration de l’Institut sénégalais pour la recherche agricole (ISRA). Bonne chance. »
Contenu : Où se trouve l’information ? Que fait un ami dans une information journalistique ?
Titre : Où est le sens de l’éthique ?
Le titre laisse entendre que le Président de la République du Sénégal a nommé son ami, alors qu’il s’agit de l’ami de l’auteur du tweet.
Ces organes de presse, abonnés aux titres pièges, gagneraient à corriger ce que nous appelons la maladie des titres creux, vidés de substance. Cette pratique pernicieuse trahit l’horizon d’attente des lecteurs, met ces derniers dans une colère rude contre cette nouvelle figure du journalisme, au point qu’il y a désamour debout et rebelle du peuple sénégalais à l’endroit de cette nouvelle figure du journalisme.
II. Recommandations
L’Agenda Sénégal 2050 de la souveraineté, pertinent uniquement par son efficacité réelle, gagnerait à œuvrer pour assainir l’organisation, le fonctionnement et les contenus des médias, dont les retombées façonneraient positivement la personnalité des utilisateurs sénégalais.
Lignes d’orientation proposées :
• Mettre en place un secteur para-médias regroupant tous les producteurs de contenus numériques traitant de l’actualité sociale, politique, culturelle, etc., avec une gouvernance dédiée, basée sur des textes réglementaires (statuts, lois, chartes, principes fondamentaux) ;
• Réviser la Loi n°2017-27 du 13 juillet 2017 portant code de la presse, en y intégrant l’Intelligence Artificielle et les évolutions technologiques prévues ;
• Réviser la charte des journalistes sénégalais par le CORED, en tenant compte des mutations numériques ;
• Réviser les cahiers des charges du CNRA ; créer la HARCA et mettre à jour ses textes d’organisation et de fonctionnement ;
• NB : Ne pas calquer les politiques étrangères de régulation. Les textes doivent incarner les valeurs socioculturelles sénégalaises ;
• Doter le nouveau CNRA d’un pouvoir spécifique de censure, de sanction ferme, et de promotion des contenus culturels favorables au développement durable ;
• Créer un comité de lecture et de visionnage au sein de chaque organe de presse, tous supports confondus, ainsi que dans les para-médias :
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NB : Les membres pourraient inclure des enseignants, jeunes, psychologues, sociologues et travailleurs sociaux (assistants sociaux et éducateurs) ;
• Mettre en place un comité de veille externe, rattaché au nouvel organe de régulation, composé de représentants des médias, des parents, des enseignants, etc. ;
• Créer une fédération PRA-UEMOA et REFRAM en collaboration avec Youtube, WhatsApp, etc., pour une régulation sous-régionale des contenus numériques ;
• Instituer une loi et un code pour l’usage responsable des contenus par les utilisateurs ;
Mesures d’accompagnement :
Éducation populaire via les médias, l’école et l’université :
• Éducation à la culture
• Éducation à l’image
• Éducation aux médias
• Éducation au numérique
• Éducation par la culture
• Éducation par l’image
• Éducation par les médias
• Éducation par le numérique
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Pour la gouvernance future de la HARCA avec la prise en charge de tout média émettant via décodeur ou IPTV (Internet Protocol Television), appelé communément au Sénégal « Télé ci poche », nous suggérons :
• La nomination de deux collèges aux profils définis :
1. Collège professionnel et scientifique
2. Collège communautaire
Il est impératif de planifier un programme structuré, avec des méthodes et des stratégies claires, et de favoriser un débat national incluant toutes les tranches d’âge et tous les acteurs sociaux, pour réguler de manière coordonnée la communication audiovisuelle et numérique, y compris sur les réseaux sociaux.
En attendant les retrouvailles avec le journalisme perdu, nous réitérons, à titre de conclusion, l’hommage rendu en juillet 2020 à Babacar Touré, Président-Directeur Général du Groupe Sud Communication et ancien président du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA).
Endeuillé, Daaray SEMBENE, larmes au cœur.
Orphelin de tes conseils en un jour, fort de ceux-ci pour toujours Soif de vos connaissances de l’Homme, des valeurs cardinales Jom, Ngor, Fulla,
Fayda en cette soirée dominicale du 26 juillet 2020 qui affiche un ultime bilan de votre santé fort précaire depuis le dernier hivernage.
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Au nom de la promotion des apprenants de « Daaray SEMBENE, école populaire de 7 à 77 ans, groupes Foula 1, Fayda 1, Ngor 1 », qui porte votre nom depuis novembre 2018, homonyme de ces valeurs qui font osmose avec votre personnalité : ad vitam aeternam. Homme de parole, généreux humble du cœur et de l’esprit Président Babacar Touré, esprit judicieux, plume pointue, journaliste émérite, frère protecteur, intellectuel altruiste, visionnaire révolutionnaire.
Ngaparou assis aujourd’hui, debout pour toujours, éclairé de votre esprit.
Notre terre sine commune pleure un fils : de mbin Mbindiss à Sokone chez notre chère Tata Annette Mbaye D’Erneville, la mère de l’audiovisuel.
Nous nous étions donné Rendez-vous le 20 juin 2020 pour la sortie de la Promotion
Président Babacar Touré.
Rassurez-vous, homme de parole : Inch Allah, ce jour viendra sur une meilleure santé publique : une fenêtre généreuse s’ouvrira du ciel ; nous sentirons vos fameux rires aux larmes sous les parfums du paradis. Amine !
 Dr Hadja Maïmouna NIANG
   Présidente de Daaray SMBENE, MPI-
Maison de la Pédagogie de l’Image
Enseignante-chercheure en Lettres
 et didactique de l’Image
 Université Iba Der Thiam de Thiès
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– CORED: Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de
Déontologie dans les médias
– REFRAM : Réseau Francophone des Régulateurs de médias
– Pra-UEMOA-Guinée : Plateforme des Régulateurs de l’Audiovisuel des
pays membres de l’UEMOA et de la Guinée
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