Après 43 ans à la tête du Cameroun, Paul Biya, 92 ans, brigue un nouveau septennat qui pourrait le mener jusqu’à ses 99 ans au pouvoir. Candidat à un huitième mandat, le président de la République peut compter sur la capacité de mobilisation de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), présent sur l’ensemble du territoire, explique notre envoyée spéciale à Douala, Amélie Tulet.
 
Officiellement, ils sont douze en lice pour cette élection présidentielle, mais deux se sont désistés. Durant les deux semaines de campagne officielle, le président sortant a tenu un seul meeting, à Maroua, dans l’Extrême-Nord, une des trois régions du septentrion.
 
Les deux principaux challengers de Paul Biya pour cette élection étaient encore, il y a quelques mois, membres du gouvernement. Il s’agit d’Issa Tchiroma Bakary, du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), qui a marqué les esprits en attirant les foules à ses meetings, et de Bello Bouba Maïgari, qui peut s’appuyer sur son parti, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP).
 
Également dans la course, on retrouve celui qui avait créé la surprise en 2018 : Cabral Libii, le leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), troisième lors de la dernière présidentielle. Joshua Osih, l’héritier de l’opposant historique feu Ni John Fru Ndi, porte les couleurs du Front social démocrate (SDF), tandis que Patricia Hermine Tomaïno Ndam Njoya, présidente de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) et maire de Foumban, est la seule femme présente sur les bulletins de vote.

La candidature de Maurice Kamto invalidée
Dans le secret de l’isoloir, les électeurs pourront aussi choisir entre Serge Espoir Matomba, du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS), Pierre Kwemo, de l’Union des mouvements socialistes (UMS), l’économiste Jacques Bougha-Hagbe, du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC), ou encore Samuel Iyodi Hiram, du Front des démocrates camerounais (FDC), le plus jeune des candidats.
 
En revanche, cette élection présidentielle se déroule sans Maurice Kamto, la candidature de l’opposant arrivé deuxième à la présidentielle de 2018 ayant été invalidée.
 
Pour le RDPC et son candidat Paul Biya, l’enjeu du scrutin est de prolonger un pouvoir presque cinquantenaire. Dans cette perspective, le parti présidentiel s’est donc employé, pendant les deux semaines de campagne, à tourner à son avantage l’âge du président présenté comme un homme d’expérience, un gage de stabilité, préalable indispensable à toute aspiration au développement.
 
Pour l’opposition en revanche, l’objectif est de mettre un coup d’arrêt à un pouvoir qui n’a que trop duré pour déconstruire son mode de gouvernance et ouvrir une nouvelle page dans l’histoire du Cameroun. Seul problème : dans le cadre d’une élection à un seul tour, celle-ci se présente en ordre dispersé, n’ayant pas été capable de s’accorder sur le nom d’un candidat consensuel, rapporte notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba.
 
Dans ce contexte, le taux de participation risque donc de jouer un rôle déterminant, qui plus est en raison de l’engouement observé pendant les meetings de certains candidats. L’opposition va-t-elle ainsi parvenir à séduire les nombreux abstentionnistes de 2018 et à convaincre les presque 2 millions de nouveaux inscrits sur les listes électorales ? Quant à l’axe Nord-Sud qui a en partie permis à Paul Biya d’assurer sa longévité au pouvoir, peut-il survivre aux candidatures de deux personnalités du Nord, en l’occurence Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, deux anciens alliés du chef de l’État passés dans l’opposition ?
Elecam fin prêt pour garantir un scrutin sûr
Enfin, quel sera également le poids de la situation économique et social difficile dans laquelle se déroule le scrutin ? Selon la Banque mondiale en effet, plus de 10 millions des 28 millions de Camerounais vivent sous le seuil de pauvreté alors que le pays est par ailleurs confronté aux attaques de groupes issus de Boko Haram dans l’Extrême-Nord mais aussi à une crise qui dure depuis huit ans dans les deux régions anglophones du pays.
 
Afin de pouvoir apporter des réponses à toutes ces questions, Élecam, l’organe en charge des élections, s’est engagé à organiser un scrutin apaisé, crédible, impartial et inclusif, alors que la campagne a été marquée par de nombreux appels à surveiller le vote. « Je peux le dire avec autorité et certitude : Elecam est totalement prêt depuis quelques jours. Une élection ne se prépare pas la veille du scrutin mais bien avant. On a convoqué le corps électoral qui nous a donné 90 jours pour être prêts. Et nous nous sommes donc préparés. Les urnes, les isoloirs, l’encre indélébile, les bulletins… Tout est prêt », affirme ainsi le directeur général de la structure, Erick Essousse, qui se veut rassurant.

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