Une nouvelle rencontre a eu lieu jeudi 19 juin à Maloum, à une cinquantaine de kilomètres de Bambari, dans le centre du pays. L’un des fiefs d’Ali Darassa, le leader de l’UPC. Des photos de la rencontre montrent un des principaux chefs militaires du groupe rebelle, le général Hamadou Boungous, ainsi que ses hommes, poser avec les paramilitaires russes de Wagner, drapeau de la compagnie de mercenaires déployé.
Ceux-ci étaient menés non pas par un commandant local du groupe, mais par Dimitri Podolsky. L’homme est une personnalité centrale dans le dispositif russe en Centrafrique, car il joue un rôle de conseiller à la sécurité à la présidence de la République, soit directement auprès du président Faustin-Archange Touadéra. Alors que des tractations ont lieu entre Moscou et Bangui pour faire évoluer le dispositif russe dans le pays, notamment avec un remplacement de Wagner par Africa Corps, cette rencontre montre l’implication directe de Wagner dans les tractations en cours avec les rebelles.
Le groupe paramilitaire avait déjà joué un rôle-clé d’organisation et de financement de l’accord de Khartoum en 2019. Des années plus tard, le groupe Wagner avait accusé le général Hamadou Boungous d’avoir organisé l’assassinat de neuf ressortissants chinois dans une mine de cette région en mars 2023. Mais l’UPC avait nié toute implication et renvoyé la responsabilité sur Wagner et ses supplétifs locaux, surnommés « Russes noirs » et souvent issus des rangs mêmes de la rébellion.
S’assurer d’un cessez-le-feu au niveau local
Selon les canaux de communication russes, Hamadou Boungous aurait assuré à ses interlocuteurs la « disponibilité » de ses hommes, plusieurs centaines, à entrer dans le cadre de ce nouveau processus de pacification. La situation sécuritaire le long du corridor Bambari-Ippy-Bria devrait alors s’améliorer.
Des réunions de ce type ont lieu ces dernières semaines dans plusieurs régions du pays. Elles ont pour but de s’assurer de cessez-le-feu au niveau local, de permettre la libre circulation des combattants rebelles, dans l’attente de l’organisation de leur cantonnement et de leur désarmement. Ce dernier n’a pas encore commencé, car leurs leaders estiment que jusque-là, Bangui n’a pas tenu toutes ses promesses.
Selon les autorités centrafricaines, l’UPC devrait disposer de huit sites de regroupement, et six autres sont prévus pour les hommes des 3R. Mais ce processus ne se fait pas sans heurts : des affrontements internes entre groupes de 3R pour un partage de butin ont par exemple causé une dizaine de morts la semaine dernière près d’un futur site de regroupement de la région de Bozoum, dans le nord-ouest du pays.
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