Le gouvernement a tenu, le 1er septembre 2025, un conseil interministériel consacré au Groupe SN La Poste, sous l’autorité du Premier ministre Ousmane Sonko. La rencontre a permis d’établir un diagnostic détaillé d’une entreprise publique en crise depuis plus d’une décennie, et de fixer des mesures de redressement à court terme ainsi qu’une stratégie de relance à l’horizon 2029.
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Le constat dressé par la Primature est alarmant. « La Poste, qui regroupe Postefinances et EMS Sénégal, traverse une crise structurelle marquée par une gouvernance défaillante, un manque d’innovation et un déséquilibre financier chronique. Entre 2012 et 2021, les effectifs sont passés de 2 600 à plus de 4 100 agents, soit une hausse de 60 %, alors que le chiffre d’affaires reculait de 26 %. »
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La situation financière est critique. En effet, à la fin de l’année 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards de FCFA, avec des capitaux propres négatifs évalués à 156 milliards. « Le déficit des dépôts clients excède 9 milliards, tandis que les dettes fiscales et sociales atteignent respectivement 6,2 milliards et 2 milliards. L’endettement compromet la viabilité de l’entreprise, qui ne survit que grâce à l’appui de l’État, lequel assure le paiement des salaires depuis octobre 2022 pour un montant de 18 milliards FCFA par an », explique la Primature.Â
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Les filiales ne sont pas épargnées. Postefinances affiche des capitaux propres négatifs de plus de 17 milliards et des fraudes documentées, tandis qu’EMS Sénégal a perdu des parts de marché stratégiques dans le transport express. Sur le plan logistique, le parc automobile est hors service à 80 %, freinant les capacités de distribution à l’heure où le e-commerce connaît une forte croissance. Enfin, le patrimoine foncier, environ 150 sites à travers le pays reste sous-exploité et mal immatriculé, alors qu’il constitue une ressource potentielle de financement.
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Face à ces défis, le gouvernement a arrêté un plan de redressement immédiat couvrant la période septembre–décembre 2025. Il prévoit « une recapitalisation de l’entreprise, la mise à jour des états financiers et l’adoption d’un plan stratégique de développement, appuyé par un nouveau Code des Postes et la création d’un Fonds de service universel postal. »
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Sur le plan social, un plan de départs négociés sera mis en œuvre, tout en garantissant le paiement des salaires et la préservation du climat social. L’État s’engage par ailleurs « à apurer les dettes fiscales et sociales, à sécuriser les actifs financiers et à assurer un décaissement de 5 milliards FCFA par la Caisse des dépôts et consignations en faveur de Postefinances d’ici la fin de l’année. »
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La Poste se projette aussi dans de nouveaux métiers, tels que le courtage d’assurances, la messagerie électronique nationale et les services dédiés au e-commerce, en partenariat avec les PME et startups locales.
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La relance de La Poste repose sur une double exigence « restaurer la confiance des usagers et moderniser ses services face à une concurrence accrue dans le secteur des communications et de la logistique… »
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Avec ce plan, l’État entend redonner à La Poste sa place d’opérateur public de référence, capable de concilier mission de service public et performance économique.
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