La situation financière du Sénégal atteint un niveau critique. Le pays vient d’enregistrer la note la plus basse jamais attribuée à sa dette souveraine, une dégradation qui rendra l’accès aux financements sur le marché financier extrêmement ardu. C’est du moins l’avis d’Ibnou Sougoufara, président de SENGOV’RISK, l’association des managers de risques.
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M. Sougoufara a exprimé une vive inquiétude face à cette dégradation sans précédent. « Il y avait des B, peut-être B moins, mais vraiment, rentrer dans le C, c’est quelque chose que je n’ai jamais vu avant », a-t-il déclaré. Cette note, selon lui, est plus basse que celles qu’il a pu observer même pour les corporations avec lesquelles il a travaillé.
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​La conséquence directe de cette mauvaise notation est l’envolée des coûts d’emprunt. Le patron de SENGOV’RISK explique que « les spreads de crédit vont s’écarter, ça va s’élargir », ce qui constitue l’indice fondamental pour la levée de fonds. « Ça serait très difficile de lever des fonds aujourd’hui », a-t-il averti dans les ondes de la Rfm.
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​Illustrant l’ampleur de l’impact, M. Sougoufara a anticipé une hausse spectaculaire des taux d’intérêts. Si le taux le plus bas observé précédemment était autour de 12%, il prédit désormais qu’il « va avoisiner 18% ».
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​Ibnou Sougoufara ne mâche pas ses mots concernant la gravité de la situation, affirmant que le Sénégal est « très proche » d’une banqueroute. « Je pense qu’on est dans la banqueroute », a-t-il tranché.
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​Il s’appuie sur la grille d’évaluation de Moody’s, l’une des principales agences de notation : « Si vous regardez l’échelle aujourd’hui, à partir de CA1, il est extrêmement impossible de lever des fonds normalement ». Bien qu’il précise que cela ne constitue pas un cas de cessation de paiement ou de défaut formel, il estime que la situation « peut être banqueroute ».
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​Face à ces perspectives jugées « sombres », l’expert en risques a insisté sur la nécessité d’une réponse politique et sociale immédiate. La dégradation de la note met en lumière l’urgence d’« apaiser les discours guerriers et de négocier dans le calme » pour tenter de redresser la barre financière du pays.
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