Au Maroc, le mot d’ordre a cette fois été respecté, rapporte notre correspondant de retour de Rabat, Matthias Raynal. Les manifestations pacifiques ont été plus encadrées pour prévenir tout dérapage. Le collectif avait appelé à se réunir dans plusieurs grandes villes – pour des sit-in et non pas des marches – et à limiter la durée des rassemblements entre 17 heures et 20 heures.
La journée du jeudi a commencé par les déclarations du chef du gouvernement, les premières depuis le début des manifestations. Aziz Akhannouch a assuré avoir suivi « les développements malheureux des deux derniers jours ». Il assure que son gouvernement a « interagi avec les revendications exprimées par la jeunesse et annonce être disposé à dialoguer ».
Le collectif « GenZ 212 », récemment créé, a cependant appelé dans la nuit de jeudi à vendredi à la démission du gouvernement. « Nous demandons la dissolution du gouvernement actuel pour son échec à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales », a déclaré GenZ 212 dans un communiqué adressé au roi du Maroc, Mohammed VI, appelant aussi à l’ouverture d’un « processus judiciaire équitable » pour poursuivre les responsables de corruption.
De meilleurs services de santé et d’éducation
« C’est un message stérile qui ne sert à rien. On ne comprend rien, il n’y a pas d’actions. C’est un état d’urgence. Nous avons besoin de réponses concrètes, de réformes, d’une gouvernance politique et administrative dont la majorité touche à des secteurs liés à l’humain, aux services publics », explique ce manifestant à Rabat.
Le royaume, qui coorganisera la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, a engagé de vastes chantiers d’infrastructures : construction de nouveaux stades, extension du réseau à grande vitesse et modernisation de plusieurs aéroports. « Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades », ont répété jeudi des jeunes à Rabat, un slogan porté depuis le début de leur mobilisation.
Plusieurs réformes dans le domaine de la santé ont été engagées au Maroc, mais « ces réalisations (…) restent insuffisantes », a reconnu mercredi devant le Parlement le ministre de la Santé, Amine Tehraoui.
À Rabat, les manifestants sous haute surveillance
À Rabat, la centaine de manifestants, survolée par un drone, est sous haute surveillance des forces de sécurité, déployées massivement. Un canon à eau a même été mobilisé. « Aujourd’hui ce qui est très positif, c’est que les forces de l’ordre permettent les manifestations. Il y a eu aucune altercation », continue ce manifestant au micro de notre correspondant.
À Rabat, les forces de l’ordre ont été applaudies à la fin de la manifestation. À Casablanca, dans leurs slogans, les protestataires ont de leur côté demandé l’intervention du roi.
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Les rassemblements se sont terminés dans le calme, par des images tranchant avec les violences de la veille. À Khouribga, dans le centre du pays, des bouquets de fleurs ont été offerts aux autorités locales.
Des violences meurtrières avaient éclaté mercredi
Les autorités avaient pour la première fois autorisé mercredi les rassemblements du collectif, réunissant des centaines de jeunes à Casablanca, Tanger et Tétouan. Peu après, des violences ont éclaté, notamment à Salé, ville jumelle de Rabat, où des individus cagoulés ont incendié deux voitures de police et une agence bancaire.
Ces violences, auxquelles ont participé un grand nombre de mineurs, ont fait plus 350 blessés au Maroc, en majorité parmi les forces de l’ordre et engendré des dégâts matériels, notamment sur des véhicules des autorités, de particuliers, et des établissements administratifs, commerciaux ou sanitaires, d’après le ministère de l’Intérieur.
Mardi, des manifestations interdites avaient donné lieu à de premiers heurts avec les forces de l’ordre notamment à Oujda et Inzegane, faisant près de 300 blessés et débouchant sur plus de 400 interpellations. Le collectif GenZ 212 a réclamé la « libération de toutes les personnes détenues en lien avec les manifestations pacifiques ».
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