Les forces de maintien de l’ordre essayent en ce moment même de dissiper un premier groupe de manifestants dans le quartier, avec du gaz lacrymogène, notamment, rapporte notre correspondant à Douala, Richard Onanena. Depuis l’annonce par le Conseil constitutionnel de la victoire de Paul Biya à un huitième mandat, la tension est montée d’un cran après que les premiers groupes de jeunes ont envahi les rues du quartier.
Le quartier de New Bell est désormais sous blocus. L’armée et la police limitent les entrées et les sorties dans certaines rues du quartier, on entend régulièrement des bruits de sirènes. Plusieurs patrouilles de police et de gendarmerie sillonnent également les rues du quartier où il devient difficile de circuler pour les automobilistes, notamment les motos taxi.
Des tensions aussi à Garoua
La ville de Garoua était plutôt calme le soir du 27 octobre. On enregistrait quelques mouvements d’humeur vers 18h, notamment au carrefour Yelwa, non loin du centre-ville. Mais tout est revenu dans l’ordre. Les rues étaient désertes ce lundi soir, les populations sont restées chez elles. Dans la journée, des affrontements ont éclaté entre les partisans de Issa Tchiroma et les forces de maintien de l’ordre à Garoua, où se trouve le principal opposant à Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary. Des heurts signalés autour du domicile de l’opposant, où il s’est retranché depuis le 12 octobre dernier. Et selon des journalistes locaux, plusieurs coups de feu ont retenti autour de la résidence de Issa Tchiroma. À Douala, la journée a été particulièrement mouvementée, avec notamment des échauffourées ce 27 octobre à Bonabéri, dans le quatrième arrondissement de la ville, où des coups de feu ont été entendus.
À New Bell, où les affrontements sont particulièrement intenses, on a entendu plusieurs coups de feu durant une bonne partie de l’après-midi, et même en début de soirée. Ce lundi, un autre cap a été franchi puisque plusieurs bâtiments ont été incendiés dans la ville par les manifestants. Des commerces ont également été saccagés et pillés. Tout a dégénéré après la proclamation des résultats qui donnent Paul Biya vainqueur.
L’archevêque de Garoua, Faustin Ambassa Njodo, s’inquiète de ce climat de tensions postélectorales et appelle au calme.
Nous avons observé à Garoua des incidents. Il faut dire aussi qu’il y a eu des morts. C’est une situation assez inquiétante. En tant que responsable d’Église, ce que je peux dire, c’est d’appeler au calme.
En plus de Garoua et Douala ou des manifestations de protestations ont été très violentes, a l’est aussi, bastion traditionnellement le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de graves incidents ont été signalés dans la localité de Manjou. Des édifices publics ont été brûlés et saccagés dont la représentation locale du Conseil électoral (Elecam) ou le bâtiment abritant l’inspection générale du ministère de l’Éducation de base.
Des scènes de pillages de boutiques ont été rapportées dans plusieurs villes de l’ouest notamment dans la ville de Bafang. Le soir du 26 octobre, les autorités ont dénoncé des débordements sans lien avec des motifs politiques. De nombreuses interpellations ont lieu dans ces différentes villes du pays, des morts sont aussi annoncés, mais aucun chiffre officiel n’a encore été communiqué.
L’ONU appelle « à la retenue » et demande des enquêtes
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a demandé des enquêtes après des informations sur des violences en lien avec la présidentielle au Cameroun.
« Depuis hier [dimanche], nous recevons des informations choquantes faisant état de personnes tuées, blessées ou arrêtées lors de manifestations liées à l’annonce aujourd’hui [lundi] des résultats de l’élection présidentielle. Nous appelons à la retenue, à l’ouverture d’enquêtes et à la fin des violences », a indiqué le Haut-Commissariat, sur le réseau social X.
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