En République démocratique du Congo (RDC), une enquête de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) révèle de graves irrégularités financières dans le cadre du projet d’autoroute reliant Kinshasa à Matadi. Le rapport pointe des surfacturations ayant profité à la famille du ministre de l’Aménagement du territoire Guy Loando, qui détenait des parts dans une société sous-traitante ayant bénéficié de contrats évalués à 70 millions de dollars.
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L’Inspection générale des finances (IGF) avait relevé des signes préoccupants de contrats gonflés et de détournement généralisé de fonds publics. En 2021, des poursuites judiciaires pour « détournement de fonds publics » avaient été recommandées, mais sans suite quatre ans après.
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Ce projet d’autoroute, chiffré à environ 500 millions d’euros, selon cette enquête, a été dans un premier temps attribué à Sopeco en 2019. Une société détenue par un ressortissant chinois proche du régime de l’ex-chef de l’État Joseph Kabila (2001-2019).
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C’est à ce moment-là que Guy Loando serait intervenu, selon la PPLAAF. À l’époque sénateur, il détient plus du tiers des parts d’une autre entreprise, la Société d’ingénierie et de constructions. Il a alors décroché un contrat de 70 millions de dollars américains en sous-traitance auprès de la Sopeco.
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En 2021, les contrats dans le cadre de ce projet ont tous été critiqués par l’IGF pour des surfacturations supposées. Des surfacturations soulignées également dans le rapport de la PPLAAF, qui rappelle aussi que le nom de Guy Loando avait été cité dans l’enquête Congo Hold-Up, en 2020.
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L’enquête secoue le passé de Guy Loando, qui était également actionnaire d’une autre entreprise de construction ayant reçu 55 millions de dollars de financements provenant de sources étrangères, sous l’ancien régime. Les enquêtes de Congo Hold-Up avaient conclu que ces fonds étaient destinés à Joseph Kabila et à son entourage proche.
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Le ministre fustige un rapport « chargé d’amalgames et d’interprétations »
En réaction, Guy Loando, aujourd’hui ministre de l’Aménagement du territoire, dénonce une enquête biaisée, dans le cadre d’une campagne « infondée » et « politiquement orientée ». Selon lui, le rapport est « chargé d’amalgames, d’interprétations et d’insinuations non-fondées ». Il s’agit selon lui d’une tentative de porter atteinte à son honneur à un moment charnière de son action politique.
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