La commission nationale d’enquête sur les violences en mars contre la minorité alaouite en Syrie a indiqué mardi 22 juillet avoir identifié 298 suspects impliqués dans ces exactions qui ont fait au moins 1 426 morts. Ces conclusions interviennent après une nouvelle effusion de sang qui a visé la communauté druze, mettant en doute la capacité des autorités à contenir les tensions confessionnelles et à rétablir la sécurité dans le pays plus de sept mois après la chute de l’ancien pouvoir qui se posait en protecteur des minorités.
 
Les violences à caractère confessionnel survenues en mars sur la côte syrienne ont fait quelque 1 700 morts, l’écrasante majorité étant issue de la minorité alaouite à laquelle appartient la famille du président déchu Bachar el-Assad, selon un bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). La commission a également constaté « de graves violations contre les civils les 7, 8 et 9 mars, notamment des meurtres, des meurtres prémédités, des pillages et des incendies de maisons, des tortures et des insultes à caractère confessionnel ».
 
Selon la commission, 238 membres des forces de sécurité et de l’armée ont été tués dans les provinces de Lattaquié, Tartous et Hama lors de ces violences. Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans la région, le comité estimant leur nombre à 200 000 combattants.
 
D’après l’OSDH, ces forces, appuyées par des groupes paramilitaires, ont commis des massacres et des « exécutions sommaires ». Certains combattants se sont filmés en train d’exécuter des civils à bout portant, après les avoir insultés et battus. Des hommes armés ont fait irruption dans des maisons et demandaient à leurs occupants s’ils étaient alaouites ou sunnites, avant de les tuer ou de les épargner, selon les ONG.
 
La commission d’enquête, créée le 9 mars par le président intérimaire syrien Ahmed al-Charaa, devait initialement remettre ses conclusions en avril, mais son mandat a été prorogé de trois mois le 10 avril. Plusieurs ONG ont récemment exhorté les autorités syriennes à publier l’intégralité des conclusions de l’enquête et à garantir que les responsables soient traduits en justice.
 
Leïla*, 28 ans, vit à Damas. Elle a passé des jours sans nouvelles de sa famille sur la côte en mars dernier. Depuis, elle tente de reprendre une vie normale, sans vraiment y croire : « Moi ma famille vit sur la côte. Franchement, j’ai eu tellement peur. Je n’arrêtais pas de les appeler pour avoir des nouvelles, confie-t-elle à notre correspondant à Damas, Mohamed Errami. Heureusement, au bout de quelques jours, les massacres ont cessé, j’ai essayé d’oublier. Mais aujourd’hui même ici à Damas, je ne me sens plus en sécurité, même si je déménageais ailleurs en Syrie. »
 
Sarah, elle, ne veut pas oublier. Elle qualifie les événements de mars de crime confessionnel, et elle accuse les autorités de laisser faire : « Il faut absolument que les personnes qui ont commis ces crimes, et dont on a les preuves — avec les vidéos par exemple — soient jugées. Ils ont commis des crimes confessionnels. Les autorités savent qui a fait quoi. Si elles voulaient, elles pourraient les poursuivre. Mais ça n’arrivera jamais. Donc ça ne sera jamais réglé. »
 
À Damas, ces femmes parlent à voix basse. Elles ne croient pas à une justice impartiale. Et redoutent que ce rapport ne soit qu’un constat de plus, sans conséquence. Dans une Syrie à vif, elles craignent que le cycle de la vengeance ne fasse que commencer.

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