Le phénomène inquiète grandement maître Djerandi Laguerre Dionro, le bâtonnier de l’Ordre, qui observe la multiplication des arrestations, hors de toute procédure légale: « Nous constatons des enlèvements ou des arrestations sans respect des procédures, souvent par des personnes qu’on ne peut pas identifier et sans que les parents, la famille ne sache où cette personne a été amenée, quelquefois pendant des jours, des semaines, des mois. Et c’est plus tard qu’on se rend compte que la personne se retrouve dans les services de renseignement. »
 
« L’espace d’expression se rétrécit »
« Ça peut être des militants des droits de l’homme, continue l’avocat, ça peut être des gens qui prennent des positions sur les réseaux sociaux, ça peut être des militants des partis politiques. Vous voyez, c’est une situation qui préoccupe. Aujourd’hui, les manifestations sont systématiquement interdites. Ajoutez à cela toutes ces violences dans nos provinces, l’expression des droits et libertés ne peut que poser problème dans ces conditions-là. C’est pourquoi nous avons estimé que l’espace d’expression se rétrécit et nous appelons le gouvernement également à prendre des dispositions idoines à ce propos. »
 
Alors qu’une nouvelle tuerie a endeuillé le pays, ce jeudi 19 juin, l’Ordre des avocats se dit préoccupé par la multiplication des massacres et actes de vendetta. Dans un communiqué diffusé vendredi 20 juin, le barreau du Tchad demande aux autorités l’ouverture d’enquêtes sérieuses pour traduire en justice les responsables de ces massacres dans un contexte où les défenseurs de droit de l’homme et les journalistes sont de plus en plus contraints dans leur travail : « Il n’y a pas eu d’enquêtes sérieuses qui ont été menées et qui ont conduit à l’identification des personnes concernées, dit encore maître Djerandi Laguerre Dionro, que ce soit les auteurs ou leurs complices dans ces différents conflits. »
 
« L’indépendance et l’impartialité de la justice »
« Et ça, poursuit le bâtonnier de l’Ordre, les plus hautes autorités l’ont relevé à plusieurs reprises. Il y a des chefs traditionnels, des autorités administratives au niveau local… qui ont une part de responsabilité dans ces différents conflits qui ont lieu et qui sapent la recherche de la cohésion sociale entre les communautés. Souvent, les enquêtes piétinent et tout ça également, il en va de l’indépendance et de l’impartialité de la justice. »
 
« Récemment, une sortie de monsieur le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Ndjamena qui faisait interdiction à tous ceux qui mèneraient des enquêtes ou iraient sur le terrain, que ce soit des organisations des droits de l’homme, que ce soit des journalistes, suscite beaucoup d’interrogations. Parce que, en quoi le travail qu’ils font pourrait perturber le cours de la procédure en justice ? Ça, c’était la grande interrogation », conclut maître Djerandi Laguerre Dionro.

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