L’affaire Arcelor Mittal entre dans une nouvelle phase. L’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, a été convoqué ce mercredi matin par le doyen des juges en qualité de témoin.
« Le juge a besoin de son témoignage et il va répondre à toutes ses questions », confie un proche de l’ancien ministre, confirmant son audition.
Le magistrat instructeur a également convoqué Birima Mangara, ancien ministre du Budget, qui sera entendu à son tour.
Cette enquête, révélée par Libération, fait suite à une information judiciaire ouverte à Dakar pour association de malfaiteurs, corruption, recel, blanchiment de capitaux, escroquerie et complicité. Elle vise plusieurs filiales du géant sidérurgique Arcelor Mittal.
Un litige vieux de plus de dix ans
Tout est parti d’une plainte déposée en 2011 par l’État du Sénégal contre Arcelor Mittal, accusé de n’avoir pas respecté ses engagements dans l’exploitation du gisement de fer de la Falémé. En 2013, la Chambre de commerce internationale avait confirmé de « graves manquements » et ouvert la voie à des réparations. L’État réclamait alors jusqu’à 3 300 milliards de FCFA.
Une transaction controversée
Pourtant, le 30 mai 2014, un accord transactionnel a mis fin au contentieux. Arcelor Mittal s’était engagé à verser 150 millions de dollars à l’État. Mais les avocats sénégalais, Me Rasseck Bourgi et Me Sébastien Bonnard, ont démenti toute implication :
« Nous n’avons, en aucun cas, et sous quelque forme que ce soit, été impliqués dans la négociation et la signature de l’accord transactionnel », ont-ils écrit dans un mail versé au dossier.
Des soupçons financiers persistants
Selon la plainte, les fonds n’ont pas été versés directement au Trésor, mais sur deux sous-comptes Carpa détenus par l’avocat français Me François Meyer, à la BNP Paribas.
« Le retrait de la procédure n’a jamais été confirmé par l’agent judiciaire de l’État », rappelle une source proche du dossier. C’est finalement Birima Mangara, alors ministre délégué au Budget, qui avait saisi le tribunal arbitral pour formaliser la transaction.
Une procédure judiciaire est désormais en cours pour faire toute la lumière sur ce règlement et sur le circuit emprunté par les 150 millions de dollars.
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