Le ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire a présidé, ce samedi, la conférence sur la microfinance et l’économie sociale et solidaire organisée par l’Association internationale des Diplômés de l’Université Senghor (AIDUS) Section Sénégal.
Désigné parrain, le Dr Alioune Badara Dione n’a pas raté l’occasion de remercier les organisateurs de la rencontre. « Vous rendez hommage un de vos membres, tout en réaffirmant l’engagement de notre communauté universitaire à accompagner les grandes transformations économiques, sociales et territoriales de notre pays », a-t-il laissé entendre, ajoutant que sa présence revêt donc une double signification pourvu qu’en tant qu’alumni de l’Université Senghor, il se doit de restituer les valeurs qui lui ont été inculquées en termes de partage et de don de soi dans une exigence de rigueur et de responsabilité et qu’en tant que ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, il a l’obligation de vulgariser les grandes orientations de politique publique qu’il porte, en utilisant ce moment de réflexion sur un thème d’une grande actualité à savoir « Microfinance et Économie sociale et solidaire dans l’Agenda Vision Sénégal 2050 : quelles synergie pour un développement inclusif et durable ? ».
Thème
Il estime que ce thème s’insère harmonieusement dans l’action que son département ministériel mène au sein du Gouvernement, car, dit-il, il souligne l’importance de questionner leurs stratégies de développement économique à l’aune des enjeux d’inclusion, de justice sociale et de développement durable.
Secteur de la Microfinance
Selon lui, le secteur de la microfinance, au Sénégal, compte aujourd’hui 297 institutions agréées, avec plus de 4 millions d’usagers, pour un encours de dépôts de 565,6 milliards de FCFA et un encours de crédits de 765,6 milliards de FCFA.
« Ces chiffres démontrent à la fois le poids de la microfinance dans notre économie mais aussi les marges de progrès encore possibles pour accélérer l’inclusion financière universelle et répondre aux besoins réels des populations désirant s’investir dans l’entreprenariat en général mais encore plus dans l’entreprenariat social et solidaire. A fin septembre 2024, l’épargne mobilisée par le secteur de la microfinance de l’UMOA représente 5,5% de celle collectée par les établissements de crédit de l’Union monétaire Ouest Africain, alors qu’à la même date l’encours des crédits octroyés par le secteur de la microfinance représentait 7,5% de l’encours des crédits octroyés. En plus de cette part relativement faible, notre diagnostic a révélé plusieurs autres défis persistants : un accès encore limité au crédit productif, notamment dans les secteurs clés comme l’agriculture et la pêche ; un faible niveau de littératie financière ; une rentabilité fragile de nombreuses activités et une coordination insuffisante des interventions, tant en matière de supervision que de synergies institutionnelles”, a-t-il détaillé.
Nouvelle dynamique
Face à ces défis, l’autorité assure qu’elle a engagé une nouvelle dynamique.
Conformément à la Lettre de politique sectorielle de la microfinance et de l’ESS (2025-2029), le ministère a adopté une approche de transformation, visant à faire de la microfinance un moteur de développement de la seule économie qui est une économie communautaire, au service de l’humain, du territoire et de l’innovation. « Je veux nommer l’économie sociale et solidaire », précise Dr Dione.
Et dire que c’est tout le sens du Pacte pour l’Inclusion financière universelle (PACTIFU), lancé récemment par son Département avec les institutions de microfinance, pour replacer la microfinance au cœur de l’ESS.
Désormais, renchérit le ministre, les institutions de microfinance devront aller au plus près des besoins des acteurs de l’économie réelle : les coopératives productives solidaires, les TPE, les MPME, les mutuelles et les entreprises sociales avec comme objectif « clair », faire en sorte que « la microfinance sorte du schéma de « commerce d’argent » pour devenir un vecteur d’autonomisation, de création de valeur et de résilience communautaire ».
Agenda national de Transformation Sénégal 2050
Dans la foulée, le ministre affirme que cette orientation s’inscrit pleinement dans le cadre du nouveau référentiel stratégique du Sénégal : l’Agenda national de Transformation Sénégal 2050, décliné dans la Stratégie nationale de Développement 2025-2029.
« Ce référentiel, concrétisé pas sa déclinaison la SND, appelle à construire un modèle de développement endogène, souverain, fondé sur des territoires compétitifs et autonomes. Dans ce cadre, l’Économie sociale et solidaire (ESS) s’impose comme un levier structurant pour faire trois choses : Développer une économie de suffisance par une production à grande échelles des produits de grande consommation par les acteurs de l’ESS appuyés par l’Etat, Insérer les acteurs de l’ESS dans le dispositif de décision des Pôles terroirs en structurant les organisations de l’ESS notamment les Coopératives productives solidaires à travers des incubateurs ESS installés dans les communes et fédérés dans chaque Pole, Encourager l’innovation sociale et l’utilisation de ses produits par des Associations entreprenantes et responsables que constituent les Coopératives productives solidaires pour exploiter au maximum les potentialités inexploitées », dixit Dr Alioune Badara Dione.
Il assure que cela sera est possible grâce à l’existence d’un socle juridique solide (Loi d’orientation n°2021-28 du 15 juin 2021) d’une politique articulée aux nouvelles orientations définies pour la transformation du Sénégal, d’une stratégie réaliste et pertinente basée sur un dispositif adapté au niveau de formalité de notre économie le tout porté par une gouvernance claire, basée sur la co-construction, la pro-activité et l’anticipation vigilante.
ESS
Selon toujours le ministre, l’ESS valorise nos ressources locales, soutient l’innovation communautaire, promeut la coopération, et favorise la relocalisation des chaînes de valeur.
« Notre stratégie permet de créer des pôles compétitifs capables d’attirer des investissements et de générer des emplois de qualité. En articulant microfinance et ESS, nous créons les conditions d’un nouveau modèle capable de réaliser l’autonomisation durable des populations entreprenantes quel que soit leur niveau d’aisance ou de vulnérabilité et centré sur l’accès équitable au financement, li nieup bokk nieup jott si, la viabilité des projets solidaires, lu ken meun niara ko ko dakhe te niet du beuré, le choix des projets à financer par la stratégie de financement ciblé », a-t-il notamment expliqué.
Pour ce faire, poursuit le ministre de la microfinance et de l’économie sociale et solidaire, son département organise les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) en Coopératives Productives Solidaires (CPS), spécialisées dans des filières offrant des avantages comparatifs significatifs, en fonction des potentialités de chaque pôle territoire mais aussi des centres d’incubation ESS pour ne citer que cela.
Coopératives productives solidaires
Dr Dione de souligner que les coopératives productives solidaires, portent un idéal de gouvernance démocratique, une finalité de développement solidaire, et une capacité de transformation structurelle locale. « Ainsi sont-elles un instrument idéal pour détecter dans chaque terroir les niches d’emplois massifs décents et durables. Corrélé aux CPS, la stratégie de financement ciblé permet de détecter des projets viables. Les projets ciblés sur présentation des acteurs ne seront financés que si les dispositions prises par les services du ministère révèlent que ces derniers ont toutes les compétences, les aptitudes et les équipements. A défaut, un programme de formation adapté est pris en charge par le Fonds d’Appui à l’Économie sociale et solidaire pour doter les acteurs de toutes les capacités nécessaires à la réalisation de leur projet et des accompagnements en équipement sont fournis de façon onéreuse ou sous forme de subvention. Pour que nul n’ignore que cette stratégie est réaliste et pertinente le ministère est doté de tous les instruments administratifs et institutionnels nécessaire à son déploiement », a-t-il dit.
Encadrement et à la professionnalisation de l’ESS
Relativement à l’encadrement et à la professionnalisation de l’ESS, indique-il, la mise en œuvre des activités y afférentes est assurée par le Programme « Promotion Economie sociale et solidaire (PPESS) ».
Ce dernier est composé par la Direction de la Promotion de l’Economie sociale et solidaire (DPESS), la Direction des Stratégies et de la Prospective (DSP), le Fonds d’Appui à l’Economie sociale et solidaire (FAESS) et le Projet d’Appui aux Acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (PROGESS). « Ils ont chacun un rôle dans la mise en place et l’accompagnement des CPS et Incubateurs », explique-t-il.
Et dire que le secteur de la Microfinance, porté par le Programme Promotion de la Microfinance, sous l’égide de la Direction de la Microfinance et de l’Inclusion financière (DMIF) met à contribution des instruments tels que le Fonds d’Impulsion de la Microfinance (FIMF) qui appuie les IMF et leurs sociétaires pour renforcer leurs capacités, le Fonds National de la Microfinance (FONAMIF), qui se charge de faciliter l’accès au crédit par des mécanismes d’ingénierie financière qui facilitent l’accès au crédit sans dilapider les ressources publiques, le Fonds de Développement de la Microfinance islamique (PROMISE) qui se charge de diversifier l’accès au crédit en développant la finance éthique, la Plateforme d’Appui au Secteur Privé et à la Valorisation de la Diaspora Sénégalaise (PLASEPRI) qui vise les CPS mais aussi les MPME et les TPE.
Accès au crédit
Avec ces mécanismes et instruments, Dr Alioune Badara Dione affirme que le ministère dispose de toute la panoplie d’outils pour que chaque sénégalais entreprenant disposant d’un projet viable puisse accéder facilement au type de crédit qui lui convient.
Il estime que la Microfinance au service de l’ESS offre une nouvelle voie pour bâtir un développement humain durable, ancré dans les territoires, porté par les communautés, et soutenu par des outils financiers inclusifs.
Finance islamique
L’autorité qui met en évidence l’articulation de la Finance publique avec l’économie sociale et solidaire a fait savoir qu’à travers des valeurs communes comme l’équité, la justice et la responsabilité sociale, ces deux modèles mis en synergies peuvent contribuer à créer des modèles financiers innovants et éthiques qui soutiennent le développement social et économique durable.
« C’est en conjuguant les forces de l’État, des collectivités territoriales, du secteur privé, des partenaires techniques, et de la société civile, que nous ferons émerger un Sénégal plus juste, plus solidaire et plus résilient. Je vous invite donc, à travers vos expériences, vos expertises et vos engagements, à continuer d’enrichir cette ambition collective », a-t-il notamment conclu.
Senegal7
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