Le Sénégal n’est à date ni en situation de restructuration de sa dette ni en défaut de paiement. Et pourtant, le rythme de dégradation de sa note souveraine, que Moody’s vient d’abaisser à Caa1 avec perspective négative, suit la même tendance que celle des pays déjà en défaut de paiement ou en situation de restructuration. En d’autres termes, le Sénégal subit les mêmes effets que les pays dans une situation plus grave. Dans ce contexte, puisque le choix jusqu’ici de ne pas restructurer la dette n’est pas payant au regard de la dégradation continue de la notation, le Sénégal ne devrait-il pas se résoudre courageusement à restructurer/reprofiler cette dette pour au moins en tirer les avantages en termes de réduction des pressions de liquidités et de restauration des marges de manœuvre budgétaires? En effet, face à une situation de « on perd ou on perd », il faudrait peut-être penser sérieusement à réduire les dégâts.

Le système financier international a ses propres réalités qui malheureusement laissent nos pays à la marge, sans prendre en compte leurs réalités économiques intrinsèques. Qu’on soit ou non d’accord avec les agences de notation ou le FMI, les règles du jeu financier international sont aujourd’hui ce qu’elles sont. Elles sont construites autour de ces institutions.

Une note dégradée par Moody’s signifie que le pays est obligé de payer un risk premium pour accéder aux marchés de capitaux. Cela veut dire emprunter plus cher, dans un contexte où le service de la dette nous coûte déjà à l’excès. Au même titre, l’absence d’accord avec le FMI (même sans décaissement) est un red flag pour les investisseurs étrangers qui, entre deux destinations d’investissement, vont rationnellement choisir celle avec un risque pays moins élevé et celle bénéficiant de la caution FMI.

Le monde est malheureusement ce qu’il est. Il est injuste. Il n’est pas équitable. Il ne laisse aucune place d’influence aux pays du Sud. Dans ce contexte, et jusqu’au jour où l’Afrique unie et le Sud global arriveront à renverser cette tendance, nos pays n’auront que deux choix: naviguer intelligemment dans ce système pour en tirer le maximum de profits au bénéfice de nos populations; ou bien le combattre, le critiquer, l’incriminer en étant prêt à accepter que ces efforts soient vains et à subir de plein fouet les effets indésirables et les sanctions d’un tel choix.

Madana Kane

 

Senegal7

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