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Notre compatriote Amadou Hott, candidat à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), vient d’être battu par notre voisin mauritanien, Sidi Ould Tah. Il s’est classé d’ailleurs troisième. Ce n’est guère une bonne nouvelle pour la diplomatie sénégalaise.
Mais c’est moins un « échec » de la politique du nouveau gouvernement et le « manque de soutien » brandi par certains, que le recul de la représentation du Sénégal à la tête des organisations continentales ou internationales depuis quelques années.
Moi-même, j’ai eu l’amère expérience d’avoir perdu la présidence de l’Union interparlementaire en 2023 (UIP) devant des concurrents pourtant pas plus outillés et expérimentés que moi. Parmi les quatre femmes africaines (Adji Diarra Mergane Kanouté (Sénégal), Catherine Gotani Hara (Malawi) et Marwa Abdibashir Hagi (Somalie), j’étais la seule à avoir le « privilège » d’être vice-présidente sortante de l’UIP.
La Tanzanienne Honorable Tulia Ackson a été finalement élue 31e président de cette institution. Personne ne peut nier sur la mise en avant d’une proximité géographique des trois femmes de l’Afrique de l’Est.
Je peux me tromper, mais ma conviction est que les autorités de l’époque n’avaient pas suffisamment déployé l’arsenal diplomatique extraordinaire dont nous disposons.
Une autre raison que Hott ne peut être un cas isolé de revers diplomatique, c’est qu’un autre cadre sénégalais, Dr Ibrahima Socé Fall en l’occurrence, a été recalé pour le poste de Directeur de la région Afrique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il a vu cette prestigieuse fonction lui échapper au profit du Tanzanien- encore la Tanzanie- Dr Faustine Englebert Ndugulile, en août 2024, lors de la 74ème session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique, à Brazzaville, au Congo.
On peut toujours objecter qu’il n’y a pas eu cette « solidarité régionale » puisqu’il pouvait trouver un consensus avec le candidat du Niger par exemple.
Il y a eu aussi le cas Abdoulaye Bathily en 2017. L’ancien ministre sénégalais n’a pas réussi à décrocher le poste de président de la Commission de l’Union africaine (UA). Alors qu’il avait été choisi, à Nairobi, au Kenya, comme le candidat unique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à ce poste stratégique de l’organisation panafricaine, Bathily n’avait pas fait le plein de voix au niveau de ces pays. Le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a finalement remporté la bataille diplomatique en succédant à la Sud-africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma.
C’est dire qu’il y a lieu de revoir le lobbying de l’Etat du Sénégal auprès des voisins d’abord, mais aussi des autres régions, qui ne semble plus agressif et surtout diversifié, puisque nul doute que nos cadres n’ont pas un défaut de compétences ou de crédibilité. Le régime actuel doit apprendre de cette déconvenue diplomatique- et il faut l’accepter comme tel- et s’ouvrir davantage à d’autres régions du monde, mieux intégrer les jeux d’influence qui, en réalité, se passent dans les organisations continentales et internationales. Il faut quand même que la nouvelle préséance de « l’Intégration africaine » devant les « Affaires étrangères » puisse au moins produire ses effets au sein du continent d’abord.
Honorable Adji Diarra Mergane Kanouté
Ancienne Vice-Présidente de l’Union Interparlementaire(UIP)
Secrétaire Générale Union pour le Développement du Sénégal(UDS/A)
Présidente de la Coalition Ensemble pour Demain
Senegal7
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