Les ferrailleurs du Sénégal sont montés au créneau. Réunis ce vendredi à Diamniadio pour un sit-in après l’interdiction de leur marche initialement prévue à Thiès, ces travailleurs ont dénoncé la mainmise des industriels sur le secteur et exigé sa libéralisation, ainsi que la suspension des importations de billettes de fer.

Venus de plusieurs régions du pays, les manifestants arboraient des tee-shirts barrés de slogans tels que « Non au monopole » et « Libérez le secteur de la ferraille », pour traduire leur colère face à ce qu’ils qualifient de « mépris » des autorités et des industriels.

Des revendications claires

Dans leur plateforme revendicative, les ferrailleurs réclament :

L’application effective de la lettre circulaire du 29 septembre 2025 relative au prix de la ferraille, qu’ils accusent les industriels d’ignorer délibérément ;

L’ouverture totale de l’exportation des produits ferreux et non ferreux ;

La suspension immédiate de l’importation des billettes de fer par les industriels ;

Et le paiement intégral des bons dus depuis la publication de ladite circulaire.

« Nous ne comprenons pas l’interdiction de notre marche »

Le porte-parole des ferrailleurs, très remonté, a regretté l’interdiction de la marche prévue à Thiès : « Le préfet nous a signifié que la marche n’était pas autorisée, sans nous donner la moindre explication. Par civisme, nous avons respecté la décision, mais nous ne pouvions pas garder le silence », a-t-il déclaré.

Il accuse certaines autorités de faire preuve de complaisance envers les industriels « Le ministre du Commerce avait sorti un arrêté fixant le prix de la ferraille, mais les industriels refusent de l’appliquer. Et au lieu de les sanctionner, c’est nous, les ferrailleurs, qu’on empêche de nous exprimer », a-t-il déploré.

Un secteur vital, mais marginalisé

Selon le porte-parole, les ferrailleurs jouent un rôle central dans l’économie nationale :

« Nous sommes plus de 18 000 ferrailleurs au Sénégal. Là où l’État promet 5 000 emplois, nous en avons créé 18 000. Nous n’avons jamais été salariés, mais nous avons généré des emplois durables. Pourtant, nous ne bénéficions d’aucune considération. »

Il a également dénoncé une « concurrence déloyale » menée par certaines entreprises, comme la société Gravita, accusée d’importer des lingots d’aluminium et de fer pour les réinjecter sur le marché local, au détriment des collecteurs sénégalais.

Appel au président Diomaye Faye et au Premier ministre Sonko

Les ferrailleurs en appellent désormais à l’arbitrage du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, qu’ils invitent à traduire en actes leur vision du « souverainisme économique » :

« Nous soutenons le discours sur la souveraineté économique, mais il faut que cela se ressente dans les actes. L’industrie sénégalaise ne peut pas fonctionner sans les ferrailleurs. Nous sommes à la base de toute la chaîne. »

Les manifestants ont également évoqué les problèmes de pesée et de transparence dans certaines usines, notamment Fabrimetal, où ils dénoncent « des pratiques injustes » liées à la pesée des cargaisons de ferraille.

Un secteur en quête de reconnaissance

À travers ce sit-in, les ferrailleurs espèrent attirer l’attention du gouvernement sur leurs conditions de travail et sur la nécessité d’un cadre réglementaire équitable.

« Nous ne voulons pas de privilèges, seulement du respect et de la justice économique », a conclu le porte-parole, sous les applaudissements de ses pairs.

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