Je souhaite apporter une mise au point factuelle et responsable suite aux déclarations de notre collègue député Abdou Mbow, selon lesquelles le budget de la Présidence de la République serait passé de 72 milliards de francs CFA à 204 milliards en l’espace de deux ans.
Cette affirmation, bien que spectaculaire, ne reflète pas la réalité budgétaire et institutionnelle.
En effet, cette lecture oublie un élément essentiel : la réorganisation profonde de l’administration centrale de l’État opérée entre 2024 et 2025, à travers les décrets n° 2024-940 et n° 2025-1431.
Le décret n° 2024-940 a procédé à une répartition nouvelle des services de l’État, rattachant directement à la Présidence de la République plusieurs structures stratégiques qui relevaient auparavant de la Primature ou de différents ministères.
Parmi ces entités figurent notamment :
• l’Inspection Générale d’État (IGE),
• l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC),
• le Comité d’Orientation Stratégique du Pétrole et du Gaz (COS-PETROGAZ),
• le Haut Conseil du Dialogue Social,
• la Commission Nationale du Dialogue des Territoires,
• ainsi que le Bureau de Suivi et d’Évaluation des Politiques Publiques.
L’intégration de ces services, avec leurs dotations budgétaires respectives, a naturellement entraîné une augmentation mécanique et comptable du budget global de la Présidence.
Il ne s’agit donc ni d’une explosion des charges propres, ni d’une volonté de concentration budgétaire injustifiée, mais bien d’un changement de périmètre administratif.
Par ailleurs, en septembre 2025, le décret n° 2025-1431 est venu réajuster cette répartition, en transférant à nouveau certaines structures vers la Primature ou des ministères sectoriels. Ce processus de rationalisation n’est pas encore pleinement reflété dans la Loi de Finances Initiale 2026, ce qui peut donner une lecture biaisée à ceux qui ne tiennent pas compte des évolutions juridiques.
Ainsi, comparer 72 milliards en 2024 à 204 milliards en 2026 sans préciser que les périmètres institutionnels sont différents, c’est comparer deux réalités budgétaires incomparables.
Une telle comparaison, si elle n’est pas contextualisée, induit le public en erreur et alimente inutilement la polémique.
Cet état de fait témoigne au contraire d’une prise de responsabilité du nouveau gouvernement, qui a entrepris une réorganisation transparente et assumée des structures publiques. Cette démarche s’inscrit pleinement dans la volonté manifeste du peuple sénégalais d’une gestion rigoureuse, d’une meilleure lisibilité budgétaire et d’une gouvernance publique exemplaire.
La transparence budgétaire exige de tous les responsables politiques rigueur et honnêteté intellectuelle. Le budget de la Présidence n’a pas « explosé » ; il a été restructuré pour intégrer des missions qui relevaient auparavant d’autres entités, avant une nouvelle phase de réaffectation en 2025.
Dr Ismaila Diallo Député et Premier vice-président à l’Assemblée nationale
Senegal7
Lire l'article original ici.








