Le gouvernement provoque pour la troisième fois la baisse par l’agence Moody’s de la note souveraine du Sénégal. Notre pays qui dégringole, passe de Ba3 à Caa1 en 18 mois, confirmant une gouvernance enrobée d’incompétence et mâtinée de désinvolture.

L’économie est en lambeaux, et le gouvernement verse une nouvelle fois dans le populisme et la démagogie. Les fanfaronnades, au début risibles, sont devenues insupportables tant elles placeront à terme notre pays dans la liste sinistre des États discrédités au plan international. Personne ne nie la complexité du monde où l’isolationnisme américain, les guerres au Sahel, au Proche-Orient et en Ukraine configurent une nouvelle géopolitique des risques majeurs. Les fractures au sein mêmes des nations sont béantes, et un climat nauséeux des années 30 installe à nouveau un récit populiste voire post-fasciste au cœur des sociétés ouvertes. Nous sommes en crise, car, suivant la pensée du vieux maître sarde, un ancien monde disparaît sous nos yeux et un nouveau tarde à arriver ; cette crise habite l’interrègne et impose de ceux qui gouvernent une intelligence et un grand sens des responsabilités. Les foucades contre Moody’s, le FMI, la France, les Etats-Unis et tous les autres partenaires historiques du Sénégal sont inutiles, dangereuses et indignes du Sénégal. Ces stagiaires abîment notre pays, balafrent son aura, discréditent sa signature et le plongent dans la banqueroute économique et la ruine morale.

Gouverner exige de quitter le registre de la lamentation pour arborer les habits de la réforme audacieuse et courageuse. Il faut avoir une lecture dépassionnée et froide au sujet des agences de notation. Au fond, le débat autour des méthodes de notation des agences d’évaluation doit être sain et débarrassé de l’amateurisme ambiant. Dans son discours de fin de mandat à la tête de l’Union africaine en février 2023, le Président Macky Sall, partant d’éléments factuels incontestables, avait décliné sa vision d’une réforme nécessaire du fonctionnement des agences de notation, à insérer dans une stratégie plus globale de refonte de l’architecture de la gouvernance financière internationale. Les pays africains peuvent et doivent pointer la perception exagérée du risque d’investissement en Afrique, les taux d’intérêt trop élevés, la position des agences – notamment le Big 3 – qui s’érigent en instance de régulation au-dessus des Institutions intergouvernementales, la non prise en compte du potentiel réel du continent, notamment son sous-sol, et la faiblesse des données disponibles pour avoir une lecture plus fine de la richesse à valoriser de l’Afrique. Voilà des questions essentielles dont le gouvernement devrait se saisir au lieu de s’engouffrer dans la vulgarité quotidienne, la vacuité permanente et les accusations d’acharnement visant Moody’s. Ces attitudes puériles ne visent qu’à satisfaire une masse biberonnée au conspirationnisme et au fantasme de l’affrontement civilisationnel, mais n’auront aucun impact sur le pouvoir d’achat des Sénégalais.

La politique, c’est très sérieux ; ça exige de fixer un cap, de suggérer un agenda de réforme clair, précis et cohérent et d’avoir l’audace d’agir au risque de l’impopularité.
Il ne sert à rien de casser le thermomètre quand on a chaud.

Hamidou Anne

 

Senegal7

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