Dans leur « Tribune du jeudi », les anciens parlementaires, Cheikh Oumar Sy et Théodore Chérif Monteil appelle lePremier ministre à redresser sans renoncer. Ils estiment que le Plan de Redressement Économique et Social (PRES) présenté par Ousmane Sonko incarne une volonté politique forte : celle de reprendre en main notre trajectoire économique, de mobiliser nos ressources internes, et de reconstruire la confiance entre l’État et ses citoyens.
Texte in extenso
Le Sénégal traverse une période charnière. A la croisée des chemins entre ambition nationale et contraintes internationales, le Plan de Redressement Économique et Social (PRES) présenté par le Premier ministre incarne une volonté politique forte : celle de reprendre en main notre trajectoire économique, de mobiliser nos ressources internes, et de reconstruire la confiance entre l’État et ses citoyens.
Mais cette volonté, aussi légitime soit-elle, ne saurait suffire. Car le PRES, tel qu’il est conçu aujourd’hui, souffre d’un déficit de cadrage budgétaire, d’une absence de priorisation stratégique, et d’un narratif qui peine à convaincre nos partenaires techniques et financiers. Dans un contexte où la dette publique a été réévaluée à 118,8 % du PIB, où le FMI exige transparence et rigueur, et où les marges de manœuvre budgétaires sont étroites, il devient impératif de repositionner le PRES non pas comme une déclaration d’intention, mais comme un outil de négociation et de transformation.
Ce que nous devons faire, maintenant c’est, Prioriser nos actions sans les diluer. Le PRES doit se recentrer sur quelques piliers à fort effet multiplicateur : agriculture, santé, infrastructures locales, et industrie de transformation. Ces secteurs peuvent générer de l’emploi, renforcer la résilience, et créer de la valeur ajoutée territoriale. Ensuite nous devrons chiffrer nos projections avec rigueur. Un plan sans cadrage budgétaire est une promesse sans fondement. Il nous faut un cadre de dépenses à moyen terme, des arbitrages clairs, et une programmation réaliste des investissements. Enfin nous devrons de façon exigeante clarifier notre position car réformer ne signifie pas se soumettre.
Les exigences du FMI ne doivent pas être vues comme des injonctions, mais comme des leviers pour renforcer notre gouvernance. Audit des finances, compte unique du Trésor, base de données sur la dette : autant de réformes qui peuvent servir notre souveraineté, si elles sont pilotées par nous.
Dans cet exercice de relance de notre économie nous devons mobiliser sans exclure. Le secteur privé national, les collectivités territoriales, les diasporas, les jeunes entrepreneurs : tous doivent être partie prenante. Un plan de redressement ou de relance ne peut réussir que s’il devient un pacte national.
Nous devons sortir du faux dilemme entre rupture et soumission. Il est possible de défendre une vision souveraine du développement tout en respectant les standards de crédibilité budgétaire. Il est possible de négocier avec le FMI sans renier nos priorités. Il est possible de redresser notre économie sans renoncer à notre dignité.
Mais pour cela, il faut du courage politique, de la rigueur technique, et une capacité à parler le langage du monde sans perdre notre voix propre.
Le PRES peut être ce langage. À condition qu’il soit réécrit, recentré, et porté par une coalition d’acteurs engagés.
Le redressement ne sera pas une ligne droite. Mais il peut être une trajectoire assumée.
Et c’est à nous de la tracer.
Birama Thior – Senegal7
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