Outre ses ressources éoliennes et hydroélectriques, le Sénégal dispose d’un énorme gisement d’énergie solaire. Plusieurs projets de centrales photovoltaïques ont ainsi vu le jour ces dernières années, mobilisant de nombreux acteurs internationaux, dont la société française Meridiam, engagé dans la production de plus de 50 % de l’énergie solaire du pays.  

Le Sénégal bénéficie d’abondantes ressources en énergies renouvelables (EnR). Le pays dispose notamment d’un important potentiel éolien, en particulier le long des zones côtières du pays, où les vents sont forts et constants. Ce potentiel éolien est essentiellement concentré dans la Grande Côte entre Thiès et Saint-Louis sur une bande d’environ 45 km de large, où les vitesses du vent sont comprises entre 5,7 et 6 m/s. Exploité sur 5 % de la surface de la bande côtière, ce potentiel offrirait une capacité de 680 MW pour une production d’environ 1.200 à 1.700 GWh. 

Le Sénégal a déjà commencé à exploiter avec succès ce potentiel en inaugurant en 2021 le plus grand projet éolien d’Afrique de l’Ouest. Un investissement de 342 M€, réalisé avec une aide de l’Opic (institution de financement du développement des Etats-Unis) et de l’agence danoise de crédit à l’exportation. Avec une puissance de 158,7 MW, le parc éolien Taiba N’Diaye, réalisé par le groupe britannique Lekela Power avec des éoliennes de l’entreprise danoise Vestas, positionne le Sénégal comme un pionnier. Ce parc fournit plus de 450.000 MWh d’énergie par an, soit environ 15 % de la capacité de production du Sénégal. Il apporte de l’électricité propre à deux millions de Sénégalais, avec un impact socio-économique local important tout au long de la vie du projet. 

Le potentiel hydroélectrique du Sénégal est également significatif : il serait de 1.000 MW en exploitant les fleuves Sénégal et Gambie, auquel s’ajoute un potentiel de 65 MW mobilisable à partir de petites unités. Les ressources renouvelables du pays ouvrent également des perspectives pour la production d’hydrogène vert. 

Mais c’est le potentiel solaire qui est le plus prometteur.Avec 3.000 heures d’ensoleillement par an et une irradiation globale de 5,8 kWh/m2/jour, l’énergie solaire est l’énergie renouvelable la plus abondante et la plus accessible pour un développement massif. D’autant que l’ensoleillement est stable tout au long de l’année et homogène sur l’ensemble du territoire national. Selon une étude, 170 km2 de surfaces suffiraient pour assurer une production de 10.200 GWh/an. Soit quasiment la totalité des besoins du Sénégal projetés à l’horizon 2030. Ce gisement solaire offre donc au Sénégal l’opportunité de devenir facilement et rapidement autonome en énergie. 

EnR au Sénégal : une dynamique forte soutenue par le solaire 

Le pays a déjà construit un certain nombre de centrales solaires photovoltaïques à grande échelle et a lancé des programmes pour soutenir les systèmes solaires photovoltaïques décentralisés dans les zones rurales. Un succès qui a permis au Sénégal de dépasser ses objectifs en matière d’EnR. 

Selon le gouvernement sénégalais, en 2023, les EnR (530 MW) représentaient un peu plus de 27 % de la capacité totale installée (1.945 MW). Le Sénégal est donc tout proche de la barre des 30 % d’EnR dans son mix énergétique, et fait figure de leader de la région en la matière. Le solaire a fortement contribué à cette dynamique, il représente la première source d’EnR (250 MW, soit 13 % de la capacité installée), suivi par l’éolien (159 MW, 8 %) et l’hydraulique (121 MW, 6 %). 

En rejoignant le Partenariat pour une transition énergétique juste (Just Energy Transition Partnership), le Sénégal a renforcé son engagement pour un système énergétique résilient et sobre en carbone. Cet accord, signé avec la France, l’Allemagne, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial de 2023, prévoit de mobiliser 2,5 milliards d’euros sur trois à cinq ans pour soutenir le développement des EnR. Une dynamique dans laquelle s’est engagé Dakar depuis quelques années, alors que la part des EnR dans son mix énergétique ne s’élevait qu’à 17 % en 2018. Cet objectif est l’un des éléments essentiels du « Plan Sénégal Emergent », impulsé par l’ancien président sénégalais Macky Sall, avec l’ambition de porter la part des EnR à 40 % du mix énergétique du pays d’ici 2030. 

De nombreux acteurs internationaux participent à la dynamique du solaire dans le pays. Ainsi, la centrale Senergy 2 (20 MW) à Bokhol, dans le nord du Sénégal, inaugurée en octobre 2016, a été construite en huit mois par Omexom (Vinci Energies) – qui en assure aussi l’exploitation et la maintenance.Un projet détenu par le Greenwish Africa REN, un véhicule d’investissement rassemblant des investisseurs étrangers mais aussi locaux (à hauteur de 45 %). Quant à la centrale solaire de Malicounda (22 MW), mise en service en novembre 2016, elle a été construite par la société italienne Solaria Group. Une nouvelle centrale (23 MW) a également été inaugurée en mai 2022 à Diass, fruit de la coopération entre le Sénégal et l’Allemagne, et financée par la Banque allemande de développement KfW, pour un coût de 34 M€. 

Meridiam en pointe dans les projets solaires au Sénégal 

Dans ce paysage très concurrentiel, les acteurs français se distinguent, en particulier la société Meridiam, spécialisée dans le développement, le financement et la gestion à long terme d’infrastructures publiques durables à impact positif. Fondé en 2005, l’entreprise française gère à ce jour plus de 23 milliards de dollars d’actifs et plus de 130 projets d’infrastructures publiques répondant aux besoins essentiels des collectivités dans trois secteurs : mobilité durable, solutions innovantes propres et services publics essentiels. Depuis une dizaine d’années, Meridiam a développé, financé et exploite, aux côtés de ses partenaires, quatre centrales photovoltaïques au Sénégal. 

A l’occasion de la visite de Sophie Gladima, alors ministre du Pétrole et des Énergies du Sénégal, à la centrale de Kael, en mars 2022, Meridiam a présenté l’ensemble de ses investissements en matière de photovoltaïque réalisés dans le pays, ainsi que ses projets pour l’avenir, notamment en matière de stockage d’énergie. Depuis 2015, Meridiam a donc financé, construit, et exploite aujourd’hui quatre centrales photovoltaïques au Sénégal (Senergy, Ten Merina, Kahone et Kael), pour un investissement total de 130 M€. Ces quatre projets, d’une capacité totale de 140 MWc, représentent aujourd’hui 57 % de l’énergie solaire du pays. Ils ont permis de créer près de 2.000 emplois locaux directs et indirects en période de construction, occupés à 90 % par des personnes issues des communautés locales.  

Avec une production annuelle globale de 239 GWh, ces centrales fournissent à 900.000 personnes de l’électricité propre, produite localement, et à un tarif très compétitif. Première source d’énergie renouvelable du pays, elles participent à la transition du Sénégal vers un développement bas carbone et évitent l’émission de près de 145.000 tonnes de CO2 par an. Les quatre projets contribuent concrètement aux Objectifs de Développement Durable de l’ONU – « fournir une énergie propre et abordable » (ODD 7), « promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive et durable » (ODD 8), « construire des infrastructures résilientes, promouvoir une industrialisation inclusive et durable » (ODD 9), « agir pour le climat » (ODD 13). 

La plus ancienne des centrales solaires (Senergy), construite à Santhiou-Mekhe, dans la région de Thiès (à 120 km au nord-est de Dakar), par Solairedirect (groupe Engie) et Eiffage, a été inaugurée en juin 2017. Porté par Meridiam avec Fonsis (le fonds souverain d’investissements stratégiques du Sénégal), le projet a bénéficié d’un prêt de 34,5 M€ de Proparco, filiale dédiée au secteur privé de l’Agence française de développement (AFD). D’une capacité de 30 MW, cette centrale alimente en électricité quelque 200.000 ménages. 

Dans la foulée, à 10 km de là, Meridiam a financé la centrale de Ten Merina, sœur jumelle de la précédente, implantée dans la commune de Mérina Dakhar et mise en service en janvier 2018. Ten Merina présente en effet les mêmes caractéristiques que Senergy : une capacité totale de 30 MW ; l’association des spécialistes français Meridiam, Solairedirect (Engie) et Eiffage ; la participation de Fonsis ; un prêt de 34,5 M€ de Proparco et de la Société belge d’Investissement pour les Pays en Développement (BIO), pour un financement total de 43 M€. Cette centrale assure les besoins en électricité de plus de 200.000 ménages à un coût plus compétitif que celui des centrales thermiques du pays avec, à la clé, l’économie de 34.000 tonnes de CO2 par an. 

Plus récemment, en mai 2021, Meridiam, Engie et Fonsis ont mis en service les deux centrales solaires de Kahone (35 MW) et de Kael (25 MW), situées dans les régions de Kaolack et de Diourbel, au centre du pays. La société de projet qui exploitera les concessions de ces centrales sur une période de 25 ans est détenue à 40 % par Meridiam, 40 % par Engie et 20 % par Fonsis. 

Le financement des deux projets, d’un montant total de 38 M€, est composé de prêts d’IFC (groupe de la Banque mondiale), de la Banque européenne d’investissement et de Proparco, dans le cadre du projet Scaling Solar. Une initiative de la Banque mondiale destinée à aider les gouvernements à financer (grâce à des investissements privés) et à développer plus facilement des projets solaires à grande échelle, en facilitant l’organisation d’appels d’offres et la passation de marchés. Dans le cadre de ce programme, Kahone et Kael sont les deux premiers projets de production d’électricité par des opérateurs privés ayant fait l’objet d’un appel d’offres au Sénégal. 

Les deux centrales fournissent à 540.000 personnes une électricité renouvelable et bon marché, tout en créant plus de 400 emplois locaux directs et indirects. Le tarif proposé sera l’un des plus bas en Afrique subsaharienne, inférieur à 4 centimes d’euro/kWh (25 FCFA). Et grâce à ces deux centrales, l’émission de 89.000 tonnes de CO2 sera économisée chaque année. 

Dans le cadre du renforcement de l’autonomisation économique des communautés locales, des projets socio-économiques sont également mis en œuvre, notamment la mise en place d’une coopérative de crédit en faveur des personnes impactées par l’installation des centrales, ainsi qu’une ferme pour les activités d’élevage et d’agriculture. 

Le Sénégal semble avoir pris la mesure de son potentiel dans le secteur des énergies renouvelables et en particulier dans le solaire. La mise en œuvre de nouveaux projets ambitieux et aussi bien menés que les précédents devraient permettre au pays d’assurer une souveraineté énergétique (propre) que peu de pays au monde peuvent revendiquer ni même espérer à court terme. Le Sénégal a toutes les cartes en main pour réussir. Reste à les utiliser à bon escient.   

Une contribution d’Éric Dubois.

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