• Damien Glez


    Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Publié le 17 avril 2025

Lecture : 2 minutes.

Plus ou moins objectivement, les organes de presse d’Afrique ou d’ailleurs privilégient chacun, lors d’un rapprochement Abuja-Niamey, la calebasse à moitié vide ou à moitié pleine. Certes, les motifs de friction entre le Niger et le Nigeria n’ont pas été entièrement purgés.

Mais la visite, ce 16 avril à Niamey, de Yusuf Maitama Tuggar était bien le premier déplacement au Niger d’un ministre nigérian depuis le putsch contre le président Mohamed Bazoum, en 2023. C’est le chef d’état-major des armées nigérianes, Christopher Musa, qui avait ouvert le bal, à Niamey en août 2024. Ce sont donc, cette fois, deux ministres des Affaires étrangères qui ont entrouvert quelques dossiers communs.


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Globalement, dans la brouille comme dans le dégel, l’emphase verbale est de mise, dans toute expression du porte-parolat nigérien. Si l’on en croit le communiqué final de la rencontre de ce mercredi, c’est dans une « grande cordialité », de « la ferveur » et de « l’enthousiasme » que se sont retrouvés Yusuf Maitama Tuggar et Bakary Yaou Sangaré. Rien que ça. Et le texte officiel d’évoquer, dans un jargon, il est vrai, diplomatique, des « relations chaleureuses et amicales, marquées par la fraternité et l’amitié ».

Lourd contentieux

Si la visite du ministre nigérian ne paraît pas aussi banale qu’elle pourrait l’être censément – les deux pays partageant 1 500 kilomètres de frontière –, c’est que la pilule de la séquestration de Mohamed Bazoum semble encore moins passer, à Abuja, que le coup d’État lui-même. Il y a seulement quelques jours, le Nigeria appelait, une énième fois, à la libération du président nigérien retenu par la junte depuis son renversement.

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Les tensions sous-jacentes entre les deux pays ne sont pas étrangères à la présidence nigériane de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) incarnée par l’intransigeant Bola Tinubu. Une Cedeao qui, après avoir menacé Niamey d’un rétablissement militarisé de l’ordre constitutionnel nigérien, avait vu Niamey claquer sa porte, de même que, plus tard, celle de la Force multinationale mixte (FMM) chargée de la lutte contre les groupes jihadistes dans le bassin du lac Tchad.

Pomme de discorde éludée ?

Comme si de rien n’était, Tuggar et Sangaré ont studieusement planché, à huis clos, sur les thèmes peu politiciens du chemin de fer Kano-Katsina-Jibiya-Maradi, de la construction de l’autoroute et du gazoduc transsahariens, de la fiscalité, de l’énergie et de la redynamisation de la commission mixte nigéro-nigériane de coopération notamment commerciale, maintenant que la frontière commune est réouverte. A été évidemment évoquée, du bout des lèvres, la question sécuritaire qui doit ménager la chèvre de l’obsession souverainiste et le chou de l’union des forces indispensables en zones frontalières.

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Chacun observera à quel niveau hiérarchique et à quel terme ce premier jalon ministériel sera suivi d’autres signes de rapprochement. Si Yusuf Maitama Tuggar n’a pas pu être le vecteur direct d’un message écrit de Bola Tinubu à Abdourahamane Tiani, des promesses d’une autre rencontre ont assurément été formulées, notamment sur le sol nigérian. Mais sans date.

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