Depuis deux ans, l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum, est retenu prisonnier dans sa résidence officielle à Niamey, suite au coup d’État du 26 juillet 2023. Isolé avec son épouse, Hadiza, il est privé de liberté de mouvement, de communication et de visites, à l’exception d’un médecin hebdomadaire.
Conditions de détention difficiles
Durant les premiers mois de leur détention, Mohamed Bazoum et son épouse ont été privés d’eau et d’électricité. Leur fils, Salem, également détenu, a été libéré en janvier 2024 grâce à une médiation du Togo. En juin 2024, la junte a levé l’immunité présidentielle de Mohamed Bazoum, le privant ainsi de tout accès à ses avocats et à une procédure judiciaire équitable.
Refus d’abdiquer et symbole de résistance
Malgré les pressions, Mohamed Bazoum refuse de démissionner, incarnant ainsi une forme de résistance face au régime militaire. Cette posture contraste avec celle des présidents maliens et burkinabè, également victimes de coups d’État. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), mis en place par la junte, peine à asseoir son autorité. L’alliance avec les juntes du Mali et du Burkina Faso n’a pas apporté la stabilité escomptée, et les groupes djihadistes continuent de progresser.
Situation économique et politique précaire
Le Niger traverse une crise économique profonde, marquée par des caisses vides, des retards de salaires et une inflation galopante. Même la Chine, partenaire stratégique, prend ses distances. Les discours anti-Français ne suffisent plus à masquer les difficultés du régime militaire, de plus en plus impopulaire. L’ombre de Mahamadou Issoufou, ancien président et mentor de Mohamed Bazoum, plane sur la situation. C’est lui qui avait nommé le général Tiani à la tête de la garde présidentielle. Des proches de Bazoum affirment qu’il avait sous-estimé la menace que représentait Tiani. Issoufou, quant à lui, continue de fréquenter les instances africaines, plaidant même pour la levée des sanctions contre la junte. Ce n’est qu’en août 2024, sous la pression de la Fondation Mo Ibrahim, qu’il a finalement condamné le coup d’État.
Soupçons de corruption et désillusion populaire
Mohamed Bazoum s’était progressivement affranchi de l’influence de son mentor. Il avait notamment engagé une réforme anti-corruption et retiré à Sani Issoufou, fils de l’ancien président, ses prérogatives sur le secteur pétrolier. Il avait également lancé un audit de la Société nigérienne des produits pétroliers et prévoyait de créer une nouvelle société nationale, PetroNiger. Le coup d’État est survenu la veille du lancement prévu de cette nouvelle structure. Accusé de complot, de haute trahison et de financement du terrorisme, Bazoum fait face à un possible procès. La population, initialement favorable à ce qu’elle percevait comme une révolution, a rapidement déchanté. Les dossiers de corruption ont disparu, et tous les partis politiques ont été dissous. Mohamed Bazoum, malgré son isolement, reste un symbole de l’alternance démocratique trahie et, peut-être, d’un espoir de changement futur. « Bazoum a été écarté pour que rien ne change », résume un activiste. Les célébrations prévues pour les deux ans du putsch ont été annulées.
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