• Damien Glez


    Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Publié le 29 avril 2025

Lecture : 2 minutes.

Deux obsessions semblent fleurir au Panthéon des pensées de l’actuel président des États-Unis : les canaux et sa plateforme numérique Truth Social. Sur cette dernière, il prise les posts souvent nocturnes et plutôt disruptifs, au regard d’une communication officielle de la Maison-Blanche parfois obligée de « ramer ».

Quant aux canaux, Donald Trump avait quasiment inauguré son mandat en souhaitant « récupérer » celui de Panama, voie artificielle reliant l’Atlantique au Pacifique qui se trouve sous le contrôle souverain du Panama depuis 1999. Comme pour célébrer les 100 jours de son « mandat de la revanche », c’est donc sur Truth que le président américain a évoqué, il y a quelques jours, le canal bien plus éloigné de Suez…


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Affirmant que les deux voies « n’existeraient pas sans les États-Unis d’Amérique », le président a considéré que « les navires américains, qu’ils soient militaires ou commerciaux, devraient être autorisés à voyager gratuitement à travers les canaux de Panama et de Suez ! » Toujours aussi lapidaire qu’impatient, il a raccroché à la locomotive de son post peut-être impulsif le wagon du volontarisme gouvernemental, annonçant avoir demandé au secrétaire d’État Marco Rubio de « régler immédiatement » cette question.

(Re)lectures de l’histoire

Le canal de Suez représentant la troisième source de devises de l’Égypte et ses 193,3 kilomètres étant la propriété de l’établissement public Suez Canal Authority – également responsable de son administration et de sa gestion –, le post de Donald Trump ne pouvait manquer de susciter des réactions politiques du côté du Caire.

Celle du député Mostafa Bakri, qui a convoqué le XIXe siècle, a été particulièrement virale sur le réseau X : « Lorsque les Égyptiens ont creusé le canal entre 1859 et 1869, l’Amérique n’était qu’une jeune nation. Il semble que vous ayez besoin de réviser l’histoire. »

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C’est grâce à une levée de fonds à la Bourse de Paris que la voie avait pu être percée, sous la direction du Français Ferdinand de Lesseps, et le canal a toujours été un sujet politique sensible depuis sa nationalisation, en 1956, par le président égyptien Gamal Abdel Nasser.


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S’appuyant sur le décret présidentiel n°30 qui fixe, depuis 1957, les droits de transit dans le canal, les internautes décryptent les propos de Donald Trump comme une tentative de violation de la souveraineté égyptienne. Mostafa Bakri évoque, lui, une politique d’intimidation et un « chantage bon marché ».

Des envies d’annexions partout dans le monde

Reliant, via trois lacs naturels, la ville portuaire de Port-Saïd à la ville de Suez, le canal est d’une importance économique indéniable. Il permet aux navires d’aller d’Europe en Asie sans contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, mais aussi sans rupture de charge par voie terrestre.

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Le locataire de la Maison-Blanche, qui rechigne à se mêler d’affaires étrangères, a pourtant l’envie de se sentir partout chez lui : dans le golfe du Mexique qu’il appelle désormais « golfe d’Amérique », au Canada qu’il se verrait bien annexer, au territoire autonome du Groenland qu’il aimerait ravir au royaume du Danemark…

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