Publié le 5 avril 2025
Lecture : 2 minutes.
Il va devenir difficile, pour le 47e président des États-Unis, de continuer à affirmer, comme le 4 mars, que « personne n’a entendu parler » du Lesotho, tant le royaume enclavé dans l’Afrique du Sud finit par ressembler à un martyr de Donald Trump. Alors que chacun des pays du monde regarde, avec fébrilité, comment il a été loti dans la revalorisation des tarifs douaniers américains – les taux d’imposition vont de 10 à 50 % –, le pays d’Afrique australe s’est vu attribuer la valeur maximale.
Si bien que des économistes s’arrachent les cheveux pour savoir d’où proviennent certaines statistiques trumpistes, la logique est officiellement d’aligner les taxes en relative réciprocité, à l’encontre de chaque nation avec lesquelles Washington aurait un déficit commercial. Or la protectionniste administration Trump affirme que le Lesotho applique des tarifs de 99 % sur les produits américains. La nouvelle est assourdissante pour le petit pays qui, lui, ne peut pas prétendre n’avoir jamais « entendu parler » des États-Unis. Il y a quelques semaines, il apprenait les coupes plus que sombres que le gouvernement américain entendait imposer à une Usaid – pourvoyeuse de l’aide américaine à l’Afrique – quasiment démantelée.
Agoa moribond
Ailleurs sur le continent – et justement « autour » du Lesotho –, l’Afrique du Sud doit avoir l’impression de visionner le nouvel épisode de ses récentes frictions avec les États-Unis. Avec des tarifs additionnels de 25 % sur les véhicules et les pièces détachées, par exemple, Pretoria s’inquiète pour son secteur automobile qui représente 110 000 emplois directs et près d’un demi-million d’emplois indirects. Cette nouvelle politique de Donald Trump rompt significativement avec l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), l’accord commercial qui offrait aux pays africains un accès préférentiel aux marchés américains.
À côté du géant africain qui a tout de même les reins solides, bien des pays du continent aux économies commercialement plus déséquilibrées ne pourront pas répondre du berger à la bergère américaine sans provoquer des poussées inflationnistes. L’Europe imposant des normes complexes, l’Afrique devra peut-être réorienter ses exportations vers le volumineux marché chinois.
Trois miraculés
Ce sont finalement 50 pays africains – parmi 180 au total – qui sont visés par la nouvelle croisade économique américaine. En l’état actuel des annonces qui peuvent toujours connaître des revirements, comme l’a déjà démontré Donald Trump, seules trois nations du continent échapperaient à la hausse des droits de douane.
Le premier est la Somalie, où les États-Unis continuent de multiplier les frappes contre les groupes terroristes, notamment dans la région semi-autonome du Puntland. Le second est l’archipel des Seychelles qui a l’habitude de faire bande à part. Le troisième est le Burkina Faso qui, lui, a affirmé très récemment sa volonté de ne pas faire bande à part, dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), précisément sur les questions des droits de douane. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso viennent de mettre en place une taxe commune de 0,5 % sur les importations en provenance des pays non-membres de leur Confédération. Les Maliens et les Nigériens pourront exporter, aux États-Unis, à partir de Ouagadougou…
Lire l’article original ici.