Un troisième Cissé débarque à la place Washington. Bamba, contrairement à ses deux « koro », le Général tenu en 2000 d’annoncer au président Diouf qu’il venait d’être battu par son challenger Abdoulaye Wade et Mouhamadou Makhtar obligé d’apprendre au président Macky Sall en 2024 que son candidat a mordu la poussière n’a jamais servi sous les drapeaux. Il n’a jamais porté l’uniforme militaire. Inconnu des registres des forces de défense et de sécurité, l’avocat se retrouve à la tête d’un ministère hyper stratégique où le titulaire s’interdit le sommeil et s’impose des décisions souvent historiques. Entre le management d’une Administration territoriale composée par moments de fortes têtes chevillées à l’orthodoxie républicaine, d’une Police arrimée aux rigueurs de la sécurité publique garante de la stabilité et des libertés, l’obligation de satisfaction d’une mouvance présidentielle toujours désireuse de s’éterniser au pouvoir et des renseignements généraux scotchés à la sûreté, le ministre de l’intérieur se doit d’être dans l’anticipation permanente et l’audace de vérité au bénéfice de la république. Le poste est difficile. Il est complexe et même sournois.
Bamba Cissé n’a ni l’étoffe du Général Cissé ni le parcours exceptionnel de Mouhamadou Makhtar Cissé qui du reste a aussi étrenné ses galons d’avocat avant de rejoindre le corps des Douanes. Le Général et l’IGE Cissé ont fait l’unanimité dès leur nomination. Ils ont fait face à un président de la république et ont su tirer leur épingle du jeu. Leur posture, leur carrure, leur trajectoire, leur personnalité et leur ambition d’inscrire leur nom au panthéon de l’histoire du Sénégal leur ont permis de servir l’Etat et non un homme. Avocat du premier ministre, Bamba Cissé part avec le handicap de servir un homme d’où un préjugé peu favorable ! Cette faiblesse risque de lui coûter la sympathie d’une opposition décidée à faire face aux velléités aspiratrices de Ousmane Sonko en direction des élections locales. Pourra-t-il contenir les récriminations liberticides des troupes de Pastef ? Aura-t-il les coudées franches pour domestiquer la permissivité de certaines gorges profondes de Pastef ? Le temps ne lui donnera pas le temps d’apprendre. Me Bamba Cissé doit rassurer et vite d’autant que le verdict de la Cour suprême dans l’affaire du maire défenestré de Dakar le 18 septembre à venir pourrait être son premier test grandeur nature.
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