La journaliste Maïmouna Ndour Faye a été brutalement interpellée après avoir invité Madiambal Diagne, actuellement hors du territoire national, dans son émission. Ce dernier, rappelons-le, avait réussi à quitter le pays malgré une interdiction de sortie du territoire. L’entretien en question a provoqué une réaction spectaculaire des autorités : une dizaine de gendarmes lourdement armés ont fait irruption dans les locaux de la 7TV, la malmenant avant de l’embarquer de manière humiliante. Quelques heures plus tard, le journaliste Babacar Fall a lui aussi été arrêté, après avoir donné la parole à Madiambal Diagne dans son émission RFM Matin.
Depuis quand un journaliste ne devrait-il pas accorder une interview à une personne recherchée par la justice ? L’histoire du journalisme regorge d’exemples où des journalistes ont tendu le micro à des fugitifs, des opposants, des exilés, des dissidents. Parce que le rôle du journaliste n’est pas de juger, mais de donner la parole, d’éclairer, de comprendre.
En 2011, Julian Assange, alors visé par un mandat d’arrêt européen, a donné de multiples interviews à des médias internationaux, sans que ces journalistes soient inquiétés.
Ben Laden lui-même, avant sa mort, a été interviewé par CNN et Al Jazeera.
Des chefs rebelles, des opposants politiques en fuite, des lanceurs d’alerte recherchés ont parlé à la presse. C’est ainsi que le monde a pu comprendre l’autre version de l’histoire.
Aujourd’hui, au Sénégal, des journalistes sont interpellée et violentés simplement pour avoir invité Madiambal Diagne.
Où est le crime ?
Dans l’interview ou dans la volonté d’empêcher la presse de faire son travail ? Le journalisme ne consiste pas à ne parler qu’à ceux qui plaisent au pouvoir.
Ces actes d’intimidation rappellent tristement une époque que l’on croyait révolue. Mais que ces gens qui font du zèle pour faire plaisir au prince le comprenne : la presse sénégalaise a traversé bien pire. Elle a su contourner les embûches, affronter la censure et résister aux pressions pour bâtir une démocratie solide et respectée.
Aujourd’hui encore, elle tiendra bon.
Aucune tentative d’asphyxie, aucun acte de répression, aucun zèle d’un quelconque agent du pouvoir ne viendra à bout de cette détermination.
La liberté de la presse n’est pas un privilège.
C’est un droit fondamental. Et aucune intimidation ne fera taire ceux qui ont choisi d’exercer ce noble métier au service de la vérité et du peuple sénégalais.
Mbissane TINE-Senegal7
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