Au total 3 millions de jeunes seront formés sur la transparence et la bonne gouvernance par l’Ong Ibp à. En prélude à la première session qui va accueillir 5000 jeunes, venus de tous les départements du Sénégal, le directeur général de l’Ong Ibp a accordé un entretien à Libération.
Libération : Pouvez‐vous nous parler un peu de la formation que vous allez initier pour des jeunes de 46 départements ?
Maleine Amadou Niang : Il faut comprendre que le Sénégal est sur une trajectoire de développement économique et social qui doit être portée par sa jeunesse. Notre pays s’est également doté d’un référentiel, qui est la vision ou l’agenda 2050. Donc aujourd’hui, pour que l’en‐ semble des Sénégalais comprennent la politique et la vision du gouvernement, il faut faire en sorte qu’il y ait une territorialisation de cette vision, qu’on la porte au niveau des 46 départements du Sénégal et dans les 14 régions.
Récemment, vous avez outillé les députés de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui, c’est le tour des jeunes leaders de l’ensemble des départements du pays. Vous avez l’ambition de toucher combien de jeunes ?
Comme notre organisation est une organisation dont l’expertise tourne autour de la transparence, des budgets, de la
redevabilité et de la citoyenneté tournés autour de la gestion des ressources publiques, nous avons estimé que d’ici 2050, il faudra travailler à continuer à faire de la transparence, de la lutte contre la corruption et de la bonne gouvernance des piliers de l’éducation populaire des Sénégalais. Mais avant cela, il faut réfléchir au court terme.
C’est la raison pour laquelle nous ambitionnons d’ici 2029 de former 3 millions de relais de la transparence chez les jeunes venant des 46 départements des 14 régions.
Quels sont les domaines ci‐ blés pour cette formation ?
Nous avons commencé par une initiative qui va toucher déjà 5 000 jeunes répartis dans l’ensemble des 14 régions du Sénégal et des 45 départements. Ils seront formés sur comment participer à la gestion de la chose publique, d’abord au niveau local et au niveau national. Ils seront formés à développer des enquêtes pour comprendre les besoins et les priorités des jeunes selon leur région mais aussi selon leur territoire. Et enfin, ils seront formés à contribuer, à informer des décisions des pouvoirs publics au niveau local, au niveau national en utilisant des données pour que l’Etat soit beaucoup plus accompagné dans la manière dont il va développer ses politiques publiques et dépenser pour les citoyens. Mais il faut également que ces jeunes contribuent au suivi de l’utilisation de ces ressources. Ce n’est que dans un système de gouvernance ouvert qui met les jeunes en son centre, qui touche également toutes les parties de la société, qu’on peut arriver à avoir un Sénégal prospère, souverain, mais également où les citoyens contribueront au développement de la société parce qu’ils comprendront leur place et l’utilité de leurs contributions.
Quelle sera la suite après cette formation. Est‐ce qu’il aura un suivi, c’est‐à‐dire un accompagnement pour que ces jeunes puissent développer leurs compétences ?
L’Ong Ibp a lancé l’Académie des jeunes pour la transparence et la bonne gouvernance qui se tient à Dakar pour sa première session et qui va être suivie de recherches, de sessions d’échange avec l’Assemblée nationale, avec les institutions de contrôle, pour que les Sénégalais puissent continuer à s’informer, à se former et à intégrer les principes de transparence et de bonne gouvernance comme principe de leur mode de vie. Et ça, ça vient dans le cadre de la territorialisation de l’agenda 2050 qui est l’agenda de développement économique et social du Sénégal. Et pour le choix de ces jeunes‐là, comment ça va se faire ? Nous avons une approche très ouverte pour identifier les jeunes.
Pourquoi Ibp‐Sénégal s’est intéressée aux jeunes et aux députés seulement, est‐ce que les autres couches de la société pourront aussi bénéficier de vos services ?
Tout réseau, tout mouvement, toute association de jeunes qui est intéressée par la transparence et la bonne gouvernance, qui travaille sur la participation citoyenne ou qui fait le lien entre la gestion de secteurs
comme la santé, l’assainissement, l’éducation et les budgets locaux ou nationaux, où toute association ; tout mouvement de jeunes qui travaille sur les questions de mobilisation des recettes fiscales peut se rapprocher de l’Ong Ibp pour bénéficier d’encadrement, de formation et aux besoins de projets qui vont porter sur la transparence, la bonne gouvernance. L’idée pour nous, c’est de trouver les leaders, partout où ils sont, déjà organisés et de les appuyer. On ne cherche pas à créer de nouveaux leaders. On cherche à renforcer les organisations des leaders jeunes
existants pour qu’ils soient à l’avant‐garde du projet de société du Sénégal. Bien sûr, maintenant, on a plusieurs
mécanismes pour le faire. On se rapproche de nos facilitateurs locaux dans les différents départements, on s’approche des services de l’Etat, on s’approche d’autres Ong, de mouvements de jeunes ou d’associations ; on s’approche de journalistes qui sont informés sur la question et on s’ouvre. L’idée pour nous, c’est d’avoir quelque chose de populaire. Il faut aujourd’hui que le leadership dans la transparence et les finances publiques portées par les jeunes soient des choses qui appartiennent aux mouvements et aux organisations de jeunes sans considération politique, sans considération partisane.
Et en termes de suivi, d’accompagnement, quels sont les mécanismes que vous allez mettre en place pour vraiment accompagner ces
jeunes‐là ?
C’est important. D’abord, après l’identification, nous les formons en tant que réseau sur le cadre de la transparence au Sénégal, sur la lecture du budget, sur comment comprendre les lignes budgétaires qui sont dédiées aux jeunes et comment faire le suivi budgétaire. Ensuite, ils sont formés spécifiquement sur les outils du suivi budgétaire, de la participation budgétaire et du plaidoyer budgétaire, notamment au niveau local et au niveau national. Mais ils sont
également formés à être des forces de proposition, c’est‐à‐dire, sur la base des formations qu’ils ont, faire des rencontres, des enquêtes, des entretiens avec les mouvements, associations de jeunes dans les différents pôles territoires. Et maintenant, de revenir avec un rapport semestriel portant sur les besoins des jeunes dans le secteur de la santé, de l’emploi, de l’agriculture, de l’assainissement ; lesquels rapports sont transmis et partagés aux autorités nationales et aux autorités locales et qui servent de base de plaidoyer pour les organisations et les mouvements de jeunes. Et maintenant, l’Assemblée nationale a montré beaucoup d’ouverture à recevoir ces jeunes pour des séances de discussion. Beaucoup de ministères ont montré de l’ouverture pour le faire. Donc on aimerait pouvoir arriver, avec l’érection des pôles territoires, à avoir une dynamique territorialisée de participation des jeunes au budget, au plan local et au plan national, parce que pour avoir des ressources mobilisées par les Sénégalais, pour les Sénégalais, il faut que chaque Sénégalais comprenne la contribution qu’il a au développement en payant l’impôt. Mais il faut aussi que, quand le Sénégalais a payé l’impôt, qu’il voit que l’utilisation qui en est faite est une utilisation qui l’encourage davantage à plus contribuer pour éviter de ne pas contribuer.
(Avec Libération)
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