Publié le 2 mai 2025
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Donald Trump, promoteur immobilier failli et accessoirement président des États-Unis, a affirmé naguère que le Lesotho était « un pays africain dont personne n’a[vait] jamais entendu parler ».
Ce n’était pas une saillie de fin de banquet, ce n’était pas un propos aviné bafouillé dans un boxon du Bronx, c’était dans un discours devant le Congrès américain. Mister President y dénonçait, exemples à l’appui, l’aide américaine à l’étranger.
Les Sud-Africains ne sauraient pas qui est leur voisin
Le royaume du Lesotho compte deux millions d’habitants. Tous ces braves gens ne savent donc pas où ils habitent à en croire Trump. À moins qu’il n’exclue inconsciemment les Lésothans du genre humain ? Ce ne seraient pas des « personnes ».
D’autre part, ce pays de 30 355 km² est entièrement enclavé dans l’Afrique du Sud. Il faut donc supposer que les Sud-Africains ne savent pas ce qu’est ce gigantesque trou noir au milieu de leur territoire.
« Qu’y a-t-il par là ? demandent-ils avec curiosité lorsque, se promenant dans le coin, ils approchent de la frontière.
— Aucune idée, répondent les gens du cru.
— On y trouve quelque terre, des êtres humains, un État peut-être ?
— S’il y en a un, personne n’en a jamais entendu parler. »
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Le Lesotho s’est déclaré « choqué et insulté »
Il faut croire également que quand l’honorable Nts’iuoa Sekete, qui se prétend « Représentante du Royaume du Lesotho auprès de la Commission de l’Union africaine », se présente à l’entrée du building qui abrite ladite Commission à Addis-Abeba, les agents de sécurité la refoulent sans ménagement.
« Halte-là ! On ne passe pas !
— Comment ça, on ne passe pas ? Je suis la Représentante du Royaume du Lesotho…
— Jamais entendu parler. Du balai !
Il y a de la méthode dans cette folie.
Le lendemain de l’incongruité trumpesque, le ministre des Affaires étrangères du Lesotho s’est déclaré « choqué et insulté ». On le serait à moins. Cela dit, je pense que son excellence Lejone Mpotjoane n’a pas compris où Trump voulait en venir. L’homme orange a quelques griefs contre l’homme noir, d’une façon générale, ou un mépris inexplicable et mal placé, mais la question n’est pas là. Si Trump est un fada dangereux, il y a de la méthode dans cette folie : il savait que sa phrase allait faire le buzz.
Elle allait inciter des millions de gens à se renseigner sur le Lesotho – clic, clic, Wikipédia. Et tous ces gens-là allaient découvrir que ce pays est le plus montagneux de la planète – en ce sens qu’il possède l’altitude moyenne la plus élevée – et qu’on le surnomme « le Royaume dans le ciel ».
« Liliane, fais les valises, j’ai trouvé où on va passer nos prochaines vacances. Dans le ciel africain ! »
Le vrai plan : des terrains de golf dans le Royaume
Je ne serais pas surpris d’apprendre que Trump a acheté, via des hommes de paille, des terrains au Lesotho pour y construire des terrains de golf et des commerces attenants. Il n’a provoqué le buzz que pour s’assurer de l’achalandage futur.
Lejone Mpotjoane a déclaré que le Lesotho était un pays unique et qu’il invitait le président américain à venir le visiter. Don’t worry, Lejone, c’était bien ça, le plan. L’insulte faite au Lesotho n’en était pas une : c’était une ruse de businessman. Comme la crise provoquée par les tarifs douaniers, le yoyo des Bourses (un délit d’initié qui a fait gagner une fortune aux affidés de Trump), la renégociation des accords commerciaux… Quand on navigue à vue, qu’on fait n’importe quoi, qu’on se dédit sans cesse, il suffit de clamer : « C’était ça, le (vrai) plan ! »
Il paraît que ce furent les derniers mots du capitaine du Titanic, juste avant de disparaître dans les flots.
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