Le Projet de Loi de Finances Initiale (PLFI) 2026 du Sénégal affiche des ambitions claires : renforcer la mobilisation des ressources internes, soutenir l’investissement public et contenir le déficit. Mais derrière les chiffres flatteurs, plusieurs signaux invitent à la vigilance, notamment sur la soutenabilité des dépenses de fonctionnement et l’impact de la pression fiscale sur l’économie réelle.

Avec 6 188,9 milliards FCFA de recettes prévues, le budget 2026 enregistrera une hausse spectaculaire de 26,7% par rapport à la Loi de Finances Rectificative (LFR) 2025. Cette progression devrait être portée essentiellement par les recettes internes, qui progresseraient de 31,2%, atteignant 5 740,7 milliards FCFA. Les recettes fiscales, en particulier, augmenteront de plus de 31 %, traduisant une intensification des efforts de recouvrement.

Cette dynamique traduit une volonté politique affirmée de réduire la dépendance aux financements extérieurs, en misant sur les capacités contributives nationales. Mais elle soulève aussi une question centrale: cette hausse est-elle le reflet d’une économie en expansion ou le résultat d’un alourdissement de la charge fiscale sur les ménages et les entreprises?

Pour le volet dépenses, le budget 2026 prévoit 7 434 milliards FCFA, en hausse de 12,9%. Si les dépenses d’investissement progressent fortement (+44,8%), atteignant 2 803,9 milliards FCFA, les charges de fonctionnement restent élevées et les dépenses de personnel (poste à surveiller) augmentent de 3,2 % pour atteindre 1 532,8 milliards FCFA, tandis que les intérêts et commissions sur la dette s’élèvent à 1 190,6 milliards FCFA (+12,6%).

Le service de la dette (amortissement, intérêts et commissions), représente à lui seul plus de 5 498 milliards FCFA, soit près de 45 % du budget initial. Une charge lourde, qui limite les marges de manœuvre budgétaires et interroge sur la soutenabilité de la trajectoire financière de l’État.

L’augmentation des recettes fiscales, si elle n’est pas accompagnée d’une réforme
structurelle de la fiscalité, pourrait peser sur la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages. Dans un contexte de reprise économique encore fragile, la tentation de puiser davantage dans les poches des contribuables pourrait se révéler contre-productive.

Le défi est donc double: maintenir une dynamique de mobilisation des ressources tout en préservant l’élan économique. Cela suppose une fiscalité plus équitable, plus lisible, et mieux adaptée aux réalités du tissu économique sénégalais.

Le budget 2026 marque une étape importante dans la trajectoire budgétaire du Sénégal. Il témoigne d’un volontarisme certain, mais appelle aussi à la prudence. Car au-delà des chiffres, c’est la qualité de la dépense publique, la soutenabilité de la dette et la capacité à stimuler l’économie réelle qui détermineront le succès de cette ambition budgétaire.

Bonne chance à nos députés pour ce marathon budgétaire, que nous leur souhaitons fructueux.
NB: Cette tribune a été écrite sur la base de la synthèse réalisée par M. Arona Oumar Kane, Ingénieur Logiciel chez Bangath Système.

Cheikhou Oumar Sy et Théodore Chérif Monteil

Anciens parlementaires

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