Invité de l’émission Objection sur Sud FM, l’avocat au Barreau du Québec, Me Pape Djibril Kanté, s’est prononcé sur la question de l’audition des magistrats par l’Assemblée nationale. Et pour la transparence judiciaire, la robe souligne qu’au Sénégal, ce qui est normal ailleurs devient exceptionnel.
« Le passage des magistrats devant le Parlement n’est pas une aberration, a-t-il déclaré. Au Canada, en Belgique, en France ou même aux États-Unis, cela existe. Les juges peuvent être entendus dans le cadre de commissions. Ce n’est pas un acte juridictionnel, mais un exercice de transparence et de reddition de comptes. »
Pour Me Kanté, les réticences exprimées au Sénégal n’ont pas lieu d’être. « Quand le Parlement convoque des magistrats, ce n’est pas pour leur donner des instructions sur leurs décisions de justice. C’est simplement pour interroger sur le fonctionnement de la justice, sur son environnement, sur ses difficultés. Rien à voir avec une violation du principe de séparation des pouvoirs », a-t-il précisé.
L’avocat souligne que, dans les démocraties comparées, cette pratique est admise et même perçue comme une exigence citoyenne. « Pourquoi un juge américain accepterait de venir s’expliquer devant les élus ? Pourquoi un magistrat britannique ou belge le ferait sans problème ? Pourquoi cela serait-il naturel en France, mais perçu comme une intrusion au Sénégal ? » s’est-il interrogé.
Selon lui, le dernier mot revient toujours au peuple à travers ses représentants. « Nul n’est au-dessus de la loi, qu’il soit magistrat, député, ministre ou président de la République. Le Parlement est souverain parce qu’il incarne la volonté populaire. Les auditions ne sont pas une exception, elles devraient être la règle », a conclu Me Pape Djibril Kanté.
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