Sur la Petite Côte sénégalaise, de Mbour à Joal-Fadiouth, une technique de pêche artisanale ancestrale connaît un regain d’intérêt : la pêche au poulpe par casiers passifs, plus communément appelés « pots à poulpe ». Cette méthode durable, qui consiste à immerger des pots en argile au fond de l’océan, offre une alternative écologique aux pratiques de pêche intensives et contribue à la régénération des ressources halieutiques.
Une pêche douce pour un impact fort
Contrairement aux méthodes intensives, la pêche au casier n’endommage pas les fonds marins ni les espèces juvéniles. Les pots, installés par les pêcheurs artisans, servent d’abri aux poulpes, favorisant ainsi leur reproduction et leur concentration. Cette technique permet des captures mieux maîtrisées, une meilleure qualité du produit et une reconstitution progressive de la ressource.
Revenus et régénération : un double bénéfice pour les pêcheurs
Les pêcheurs bénéficient de cette méthode à plusieurs niveaux. Le poulpe se vend bien sur les marchés locaux et à l’exportation. La technique, peu gourmande en carburant, réduit les dépenses. L’organisation en GIE ou en coopératives facilite la gestion des zones d’immersion, prévenant la surexploitation et permettant une meilleure planification des campagnes de pêche.
Cogestion et aires marines protégées
L’immersion des pots à poulpe s’inscrit dans une démarche de cogestion entre pêcheurs, autorités locales et ONG. Des zones marines sont balisées et temporairement fermées pour permettre la croissance des poulpes, s’inspirant du modèle des Aires Marines Protégées (AMP). L’expérience menée à Joal-Fadiouth a déjà montré des résultats encourageants en matière de régénération des habitats marins.
Défis et vigilance : la durabilité à l’épreuve du marché
Malgré son potentiel, cette initiative reste fragile. La course à la production, le manque de suivi scientifique et les pillages non sanctionnés peuvent compromettre les efforts de conservation. La pression sur les poulpes risque également d’augmenter avec la croissance du marché international. La question du repos biologique de l’espèce et de sa maturation se pose également, afin d’éviter la surexploitation des jeunes poulpes. À Saint-Louis, le potentiel aquacole est également prometteur, démontrant l’intérêt croissant pour des pratiques de pêche plus durables.
Des pratiques à améliorer
Au quai de pêche de Mbour, la pratique d’imbiber les poulpes d’eau pour augmenter leur poids pose problème, altérant la qualité du produit. L’efficacité des Comités Locaux de Gestion de la Pêche Artisanale (CLGPA) et de l’administration du secteur est remise en question. Sans encadrement rigoureux, la technique des pots à poulpe, initialement bénéfique, pourrait devenir néfaste.
Une alternative porteuse d’espoir
Face à la crise de la pêche artisanale, les pots à poulpe offrent une alternative prometteuse. Plus qu’une technique, c’est une philosophie : produire moins, mais mieux, tout en préservant la mer. La Petite Côte, longtemps touchée par la surexploitation, pourrait ainsi devenir un modèle d’équilibre entre économie locale et écologie. « Autour de la pêche du poulpe, on est à même de voir renaître une pratique artisanale traditionnelle », souligne Samba Niébé BA, du journal Sud Quotidien.
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